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Critique de katicha


L'un est beau, svelte, élégant, célébrissime et complètement taré : Jesus de la Vega, le plus grand torero vivant.
L'autre est bon, bourrelé de complexes, complexé par ses bourrelets, torturé par ses souvenirs, et noie ses soucis dans les meilleurs whiskies du monde: Manolo El Gordo, le meilleur flic d'Espagne, ou peu s'en faut.
Et puis il y a les autres. Les spectateurs. le petit peuple de la tauromachie, le grand peuple d'Andalousie, qui se lève comme un seul homme pour saluer l'aisance de Jesus . Les gens des rues alentour, aussi, que Gordete ("bouboule") protège à longueur d'année. Les femmes que Jose fascine, que Manolo admire. Les copains du commissariat, les membres de la cuadrilla.
Un monde coupé en deux. Un monde que seule la corrida réunit parfois, comme une grand'messe, pour un sacrifice spectaculaire et magistral.
Un monde qui ne suffit plus à Jose.
Car lorsqu'on est le plus grand, il devient impossible de grandir encore. Et le maestro ne se contente plus de ses succès. Alors, dans son journal, il consigne sa rage, son impatience, sa soif de démesure. Plus encore qu'un taureau, il voit rouge. Et sa passion l'emporte , sa fureur l'entraîne à chercher d'autres combats, d'autres victimes.
Humaines, cette fois.
Bien évidemment, je ne vais pas vous raconter toute l'histoire, puisque Frédéric Bertin-Denis le fait bien mieux que moi.
Mais j'espère que vous lirez son livre avec autant d'intérêt que j'en ai ressenti, car c'est un bouquin qui dépayse et déstabilise vraiment, sous ses dehors de polar tout à fait fréquentable. Un livre qui enseigne quantité de choses sur le monde de la tauromachie, sur les diverses régions d'Espagne, sur le rapport des Espagnols à leur passé, aussi.
Plus qu'un livre, on dirait un scénario de cinéma, à dire vrai. On imagine bien le montage: d'un côté, les scènes où le matador progresse dans sa folie; de l'autre, le flic un peu pataud qui sort de sa torpeur et découvre qu'un désastre se prépare. L'ange du crime, de plus en plus seul, de plus en plus cruel, et le petit gros qui déploie toute sa force et sa cervelle de brave type pour lui résister, avec le coéquipier qu'il s'est choisi. Un flic presque punk, un anar presque flic, qui porte le nom (et quel nom !) de Puig Antich.
Bref, on voyage beaucoup avec ce matador. Dans l'histoire, dans l'espace, dans sa tête. Et je suis curieuse de retrouver le Gordete dans ses autres aventures.
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