Les imprudents

Il y a deux ans environ, j'ai assisté à une vidéo conférence d'Olivier Bertrand qui racontait cette histoire dramatique. Puis j'ai découvert récemment ce livre, sans faire le lien immédiatement avec ce récit terrible, un petit « Oradour-sur-Glane, comme il y en eut, hélas, d'autres à cette période de proche défaite des Nazis. Au fil des pages, j'ai redécouvert ce que l'auteur nous avait narré.
La famille paternelle d'Olivier Bertrand est originaire de Labastide-de-Virac , un petit village de l'Ardèche. C'est là qu'enfant, il passait ses vacances et depuis toujours il connaissait cet épisode tragique : près du village, les quinze habitants, adolescents, femmes et hommes du hameau des Crottes furent abattus par des éléments de la 9e Panzerdivision Hohenstaufen, pour avoir abrités des résistants, ceux du maquis Bir Hakeim. Mais un mystère entourait ce drame, un seizième corps inconnu avait été retrouvé.
L'auteur va alors se livrer à une enquête policière de longue haleine pour enfin trouver l'identité de ce clandestin.
Il découvre rapidement qui il est, mais ne peut lui donner une réelle identité, alors les investigations se poursuivent avec acharnement.
Il parviendra enfin à retrouver son nom et ses origines.
Olivier Bertrand nous livre ses longues investigations et complète sa rédaction en racontant les suites judiciaires de ces lamentables exactions. Un récit particulièrement poignant, riche en informations.

Le journaliste et auteur de documentaires Olivier Bertrand se lance, avec son ouvrage Les imprudents, dans une enquête ayant comme point de départ le massacre par les Allemands de quinze civils, en Ardèche, à Labastide-de-Virac, le 3 mars 1944, suite à des actions menées par des maquisards appartenant au groupe de résistants Bir Hakeim.
Quinze habitants du hameau des Crottes sont ainsi fusillés, le cadavre d'un inconnu est également retrouvé à proximité.
C'est la base de départ du travail d'O. Bertrand : mettre un nom sur cet homme qui repose à côté des victimes de cet Oradour-sur-Glane oublié.

Tout au long du livre, l'auteur nous fait revivre l'histoire du Maquis Bir Hakeim, de sa formation à la Libération. On oublie quelque peu le postulat de départ pour suivre ces jeunes hommes qui vont s'organiser pour mener une vie clandestine et monter des actions d'éclat contre l'occupant et Vichy.
O. Bertrand revient physiquement sur les lieux et les traces du Maquis Bir Hakeim. Il cherche à créer un lien réel avec ces hommes aujourd'hui quasiment tous disparus. Ces paysages sont disséqués, racontés, parcourus, et Bertrand les associe aux témoignages directs qu'il a pu recueillir, ou aux archives consultées et listées en fin de livre.

Un vrai travail d'historien, sérieux et sourcé, dans lequel on se perd parfois, passant (trop) vite d'un protagoniste à un autre, pour finalement revenir à la quête initiale : qui est ce "mort inconnu" enterré au fin fond de l'Ardèche ?

Cette enquête historique se lit avec plaisir, l'auteur arrive à installer un vrai suspens, sans toutefois déroger à sa rigueur de départ. le style reste journalistique mais l'enjeu n'est pas là. Il restitue cette vie clandestine en communauté, tout en traitant les tensions entre résistants aux horizons intellectuels et politiques très divers.

Et au final, à mettre un nom derrière cet inconnu du cimetière de Labastide-de-Virac…