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Critique de VincentGloeckler


(Critique rédigée au temps du Coronavirus...) Vous supportez mal votre confinement ? Vous vous sentez comme les vieux parents de Fin de partie coincés dans leurs poubelles ? Alors, voici, remède miracle, ce Tiers Temps ! Vous y retrouverez Samuel Beckett, le grand irlandais vénéré par tous les amoureux de la Littérature avec un grand L, confiné dans sa dernière demeure, et soignant la mélancolie conséquente par l'autodérision et l'ironie la plus mordante, cet humour lucide dont il nourrissait ses mots... Maylis Besserie, a réussi, en effet, à transformer le grand Sam en l'un de ses propres personnages, un Vladimir déglingué s'épuisant dans son ultime tanière à attendre Godot la Camarde, un Malone au dernier bout du bout de son crayon, usant sa mine à tracer en boucles répétitives son inoubliable « Je serai quand même bientôt tout à fait mort enfin ». Une belle, une surprenante et émouvante prouesse, oui, que ce premier roman d'une auteur, à qui l'on souhaite le plus glorieux des avenirs littéraires ! le récit se déroule en trois temps, les deux premiers évoquant les six derniers mois de la vie de l'écrivain, tandis qu'il réside dans la maison de retraite parisienne du Tiers-Temps (où Beckett a réellement vécu), avant, dans le troisième, qu'il ne déménage dans le service de neurologie de l'Hôpital Sainte-Anne, où il mourra après être tombé dans un coma profond. Au fil des pages, le vrai faux Samuel remâche, avec les mêmes mots qu'il pouvait placer dans la bouche de tous ses fameux personnages, les souvenirs de sa vie d'avant, avec les femmes qui ont marqué son existence, sa mère, sa compagne Suzanne et la fille de Joyce, mais aussi, lui, Joyce, l'autre grand irlandais de l'époque, son mentor, les parties de pêche avec son père près de Dublin dans son enfance, ses séjours, plus tard, comme des retraites d'écriture, dans sa maison de campagne d'Ussy, ses rencontres avec le "grand éditeur", Jérôme Lindon, le complice silencieux et rieur de sa route littéraire. En contrepoint de ce discours intérieur, les soignants du Tiers Temps observent avec curiosité, tendresse ou inquiétude, leur singulier patient, la lente dérive de ce génie discret et grinçant vers sa propre " fin de partie "... Bon, vous l'avez compris, dans votre enfermement forcé, contre la dépression qui vous gagne, un seul médicament, le Tiers-Temps de Maylis Besserie, et son superbe Sam, à déguster sans masque ni gants !
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