Pas besoin d’être courageux pour changer les choses, il suffit de s’avouer trop faible pour les supporter.
- Cest de ta faute, il a continué en se tournant vers ma mère. Tu le surprotèges, et maintenant il ne veut pas qu'on fasse de mal aux petits veaux trop mignons.
Il a dit les derniers mots sur un ton de « femmelette» - autre mot que Gaby détestait : « Je préfère hommelette! On ne tait pas d'hommelettes sans leur casser les ceufs! » Ma mère a remué du nez comme si elle flairait des carottes quelque part - des carottes déjà cuites.
- On est des prédateurs, Tomaz, il a repris, que tu le veuilles ou non. Tu ne pourras pas vivre toute ta vie dans une bulle de guimauve. Il faut détruire pour construire. C'est comme ça qu'on change le monde. Mais c'est pas avec ta génération qu'elle va avoir lieu, la révolution. Vous êtes tous des moutons. Allez, sers- le, Martha !
Et il ne manquait qu'une larme à ses paupières pour faire déborder un vase que j'avais toujours cru vide.
La plupart avaient des doutes, au lycée. Des rumeurs couraient derrière elle pour la mettre ou pas.
- C'est ton trip, hein, la photo ? On vise la cible avec son gros objectif et on appuie sur la gâchette pour tirer son coup. À défaut de la proie elle-même, on vole son ombre. T'as remarqué que vol et viol, c'est presque pareil - juste la bite du « i » en plus...
Je n'en revenais pas. Elle avait dû la préparer, sa tirade.