A l'heure de rédiger mon petit commentaire, comme je m'y suis engagé dans le cadre de ma 2ème Masse Critique, j'ai la bête impression de m'être un peu fourvoyé dans le choix de ce roman...
Moi qui espérais voyager sur les terres sauvages des indiens Lakotas, et découvrir plus avant leurs coutumes ancestrales et leur spiritualité, j'ai sans doute lu un peu vite la quatrième de couverture et négligé l'autre facette de ce livre : celle de l'enquête anthropologique et de l'exposé un peu austère des diverses théories relatives à l'évolution de l'espèce humaine.
Hélas, c'est bien cette seconde facette qui a fini par prendre le pas sur le reste, et qui m'a rendu cette lecture un peu fastidieuse... Adieu mon valeureux Sioux, mes légendes sacrées et mes étendues sauvages, et bienvenue en cours de sciences naturelles, option paléontologie.
Tout démarrait pourtant bien, le style très imagé d'
Emmanuelle Bessot est propice à l'évasion, et l'histoire m'a d'emblée paru originale : un jeune Américain se retire sur la terre de ses ancêtres Lakotas pour renouer avec ses origines, entreprendre une retraite spirituelle à la recherche de Wakȟáŋ Tȟáŋka, le "Grand Mystère", la divinité vénérée de son peuple.
Commence alors une longue pèriode de jeûne et de méditation durant laquelle notre héros, en transe hallucinatoire, va rencontrer son totem et lui poser l'unique question qui semble l'obnubiler : "Comment, ou plus exactement pourquoi, un primate est-il un jour devenu Homme ? Quel coup de baguette magique a bien pu lui insuffler cette once d'humanité qui le différencie des autres créatures terrestres ?"
Certes, cette interrogation n'est pas dénuée d'intérêt, mais la place qu'elle occupe dans le roman est démeusurée, et le jargon scientifique, bien que facilement compréhensible, devient vite rébarbatif (d'autant que l'auteur ressasse sous diverses formes un nombre de données ethnologiques ou anthropologiques finalement assez restreint).
Le lecteur joue au yoyo entre les phases délirantes et fantasmagoriques du narrateur, et les chapitres quasi-didactiques sur Toumaï, Lucy et nos lointains cousins australopithèques... On finit même par se demander en quoi la bipédie des homonidés tanzaniens préhistoriques peut passionner à ce point le narrateur : à mon avis la juxtaposition des deux univers, qui aurait pu faire tout l'originalité du roman, est ici un peu malheureuse.
Dommage, je ferai en sorte d'être plus vigilant lors de la prochaine Masse Critique ! Bien entendu, cela ne m'empêche en rien de remercier Babelio et les éditions Yovana pour l'envoi de ce livre, dont j'ai par ailleurs beaucoup aimé la mise en page, le format et la police d'écriture !