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Critique de LiliGalipette


D'après le roman éponyme de Laurent Binet.

Le 25 février 1980, Roland Barthes est percuté par une camionnette. Ses papiers disparaissent et lui-même meurt peu de temps après à l'hôpital. Pour le commissaire Bayard, c'est autre chose qu'un accident de la route. Pour naviguer dans le monde complexe des universitaires et des théories linguistiques, il a besoin d'aide. Il réquisitionne Simon Herzog, jeune chercheur, sans trop lui laisser le choix. « Vous m'avez l'air un peu abruti que les chevelus habituels et j'ai besoin d'un traducteur pour toutes ces conneries. » (p. 17) Voilà qui pose le personnage : le flic n'est pas un intello, mais il a du bon sens et il n'est pas du genre à se laisser impressionner par les théories complexes que les linguistes et philosophes balancent à tour de bras. Quant à Simon, arraché au confort poussiéreux de son amphithéâtre, il goûte aux joies de l'aventure sans pour autant dissimuler pour qui il votera en 1981. « Je n'ai rien demandé, je suis là contre mon gré et j'obéis aux ordres d'un président fasciste à la tête d'un état policier. » (p. 49) le duo est forcément explosif, mais il fonctionne, comme dans tout bon actionner américain des années 1990. Dans cette enquête jonchée de morts qui le mène en Italie et aux États-Unis, il se frotte à la septième fonction du langage dont le pouvoir excite les rhétoriciens et les hommes politiques. « Celui qui maîtrise le discours, par sa capacité à susciter la crainte et l'amour, est virtuellement le maître du monde. » (p. 68) de sanglants concours d'éloquence en QG de campagne électorale, les documents volés à Roland Barthes font peser une menace sur la sécurité nationale.

Au fil des cases, on voit deux hommes anachroniques qui assistent à l'histoire : ce sont le scénariste et le dessinateur qui commentent ce qu'ils transposent du roman, avec un humour métatextuel tout à fait brillant et hilarant quand on apprécie ce genre de ressort. « Tu sais, ici non plus, on ne va pas pouvoir décrire l'ensemble de la joute. C'est une BD, pas un roman. » (p. 70) J'avais apprécié le texte de Laurent Binet avec un enthousiasme non dissimulé : j'en ai retrouvé tout le sel dans cette bande dessinée dynamique et intelligente : les auteurs ont compris l'intérêt d'une adaptation en images. Maintenant, j'avoue que j'adorerais voir une transposition de ce roman sur grand écran !
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