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Critique de belette2911


Dans ce dernier roman de la trilogie, l'inspectrice écossaise Grace Campbell, l'héroïne principale, venait de croiser la route de l'inspectrice Sarah Geringën, celle de l'autre trilogie (deux trilogies, ça fait une sexologie ? mdr).

Ça promettait d'allumer le feu parce que nos deux inspectrices n'étaient pas des neuneus ! Elles sont badass et, telles des James Bond au féminin, rien ne leur fait peur, elles enchaînent les cascades, même avec un bras cassé !

Verdict ? le début est canon, mené tambour battant, on ne s'ennuie pas, les mystères sont bien présents, l'adrénaline pulse et l'angoisse monte. Normal, nous avons suivi nos deux inspectrices vers un manoir égaré dans les brumes d'Écosse où vit une étrange bonne femme.

Ce que j'ai toujours apprécié, dans les romans de cet auteur, c'est qu'il frappe là où ça fait mal.

Après qu'Olympe ait fait en sorte de niveler par le bas (ce qui se passe réellement dans nos sociétés, sauf pour certains), ôté l'esprit critique des gens (des moutons sont plus faciles à manipuler pour envoyer à l'abattoir) et de jouer avec les peurs des gens pour faire mieux les contrôler, la phase 3 était le suspense insoutenable !

"Après avoir abruti les peuples pour leur ôter l'esprit critique dans sa phase 1, après les avoir terrorisés dans sa phase 2 pour mieux les contrôler, la phase 3 consiste à [NO SPOLIER]...".

Ambiances anxiogènes au possible, le roman me collait aux mains et j'ai eu du mal à le poser tellement le récit pulsait et que je voulais savoir.

L'écriture est simple sans être simpliste, elle est nerveuse et l'auteur ne prend pas des gants : il trempe sa plume dans l'encrier des dénonciations et il balance (le 5G inutile, les datacenter immenses, les clouds qui bouffent de l'énergie, le tout au numérique qui consomme et qui a une empreinte carbone énorme,…).

Des vérités, rien que des vérités, hélas. Au travers de son roman, l'auteur s'appuie sur des faits de sociétés, sur des thèmes qui nous sont contemporains, ce qui ancre ses récits dans la réalité. Bref, il est engagé.

On a le nez dans la merde, je ne le nierai pas et effectivement, si nous continuons de la sorte, l'iceberg devant nous va faire couler le navire sur lequel nous nous trouvons et il n'y aura pas assez de canots de sauvetage pour tout le monde (uniquement les premières classes, les plus fortunés). Je dirais même plus : on a déjà pris l'iceberg dans la gueule ! La maison brûle et nous sommes dedans !

L'auteur dénonce aussi les médias, les journalistes qui ne prennent pas la peine de recouper leurs informations, qui balancent tout et n'importe quoi pour faire le buzz, pour être lu, pour que leur feuille de choux soit la plus lue (mais rien n'a changé depuis des siècles).

Le pire étant que les journaux appartiennent maintenant à des groupes industriels, à des grands patrons du CAC40 et qu'ils soient tributaires des pubs, perdant de ce fait leur indépendance. Si l'un d'eux veut dézinguer une ou plusieurs personnes, le journal a ce pouvoir et dans le roman, c'est bien illustré. Avant que tout ne parte un peu en capilotade…

Ben oui, on était bien parti et puis, boum, on a pataugé dans la panade avec une évasion spectaculaire, avec l'entrée d'une vieille légende dans le récit, à tel point que j'ai pensé que je lisais un roman fantastique ! Non, je n'ai rien contre le fantastique, la SF ou l'anticipation, mais là, dans le roman, ça clochait tout de même, rendant bancal la suite.

Ce qui m'a le plus gêné, c'est à nouveau l'opposition entre une puissante société qui veut le Mal (avec une puissance énorme) et un groupe qui ne veut que le Bien (et qui n'est pas sans ressources non plus). le manichéisme, c'est bien beau, mais dans la littérature (comme dans les films, séries), ça coince tout de même. J'aurais apprécié plus de nuances.

J'ai cru à un moment donné que les nuances allaient arriver, on aurait pu les toucher du doigt dans une confession, mais non, peau d'zob, pas de nuances dans les méchants et les gentils, si ce n'est un méchant devenu un gentil…

Dans ce que nous assène l'auteur, à travers les paroles de certains des personnages, j'ai eu l'impression que c'était une leçon que l'on nous donnait. Cela ne me gêne pas du tout de recevoir des leçons, elles peuvent être bénéfique et je suis toujours à l'écoute, mais il y a la manière de le dire…

Là, j'ai eu la sensation que ceux qui écoutaient les belles paroles véridiques (les inspectrices et nous, lecteurs et lectrices), étaient des enfants qu'il fallait convaincre, des gosses à qui le prof fait la leçon.

Et leur esprit critique, il compte pour du beurre ? Là, ce n'étaient pas des bons conseils, c'était à limite du prosélytisme.

Je ne sais pas si je dois mettre cela sur le compte de l'auteur ou sur le compte de ce personnage, qui, malgré ses belles paroles, a un côté un peu hypocrite (faites ce que moi je dis, pas ce que le méchant fait), dénonçant chez son ennemi Olympe un comportement qui est ancré en lui aussi, même s'il le fait différemment, avec la meilleure volonté du monde (et l'enfer est pavé de bonnes intentions, nous le savons).

Si je partage ses points de vue, je n'apprécie pas trop la manière dont il nous les fait passer. Par contre, je suis intéressée par ses conseils de lecture, en fin d'ouvrage.

Anybref, malgré ce petit malaise avec cette leçon qu'on nous donne et le côté fantastique qui surgit d'un coup, le reste est de bonne facture et cela donne un thriller qui pulse, qui ne vous laisse pas bâiller d'ennui et des personnages féminins assez forts, même si on a du manichéisme dans les méchants/gentils.

Ces défauts ne seront pas rédhibitoires si vous n'y attachez pas d'importance ! Ou si vous voulez un thriller qui vous emporte loin dans l'aventure.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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