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Critique de ALDAMO21


J'ai découvert et rencontré la romancière Maïssa Bey, en décembre 2019, à sa venue à Dijon.
Cette écrivaine militante est d'ailleurs très critiquée pour ses prises de positions en tant que défenseuse des droits de la femme en Algérie, pays où elle est née et où elle vit.


« Au commencement était la mer », est un roman que l'auteure a écrit il y a déjà vingt-cinq ans et qui semble toujours d'actualité. Et j'ai retrouvé sa même écriture fluide et aussi sa même force de réflexions sur la condition de la femme algérienne, à travers Nadia le personnage central du récit.
Maïssa brosse un très beau portrait de jeune fille, tout en délicatesse et en profondeur. Elle rend cette jeune fille de dix-huit ans, terriblement belle dans ses émotions, dans ses espoirs, dans les douleurs qu'elle va traverser avec un grand courage.

Nadia, avait seulement huit ans à la mort de son père qu'elle aimait tant.
Nadia avec des rêves de liberté plein la tête, avec son aspiration à croire au grand amour, à l'égalité des femmes et des hommes.
Nadia, avec ce besoin de savoir, d'espérer, avec cette soif d'apprendre et de lire.
Nadia, une rebelle qui refuse sa condition de jeune fille lorsqu'elle voit la soumission de sa propre mère et celle des autres femmes qu'elle rencontre dans la ville.
Nadia, qui essaie de se révolter, se défaire aussi du regard mauvais et inquisiteur de son propre frère Djmalel, qu'elle voit se radicaliser chaque jour davantage.


Mais parmi tous ses tourments, ses mille questions et ses déceptions qui rendent cette jeune fille si triste, Nadia va connaitre un fulgurant et brûlant moment de répit.
Elle va rencontrer ce qu'elle pensait l'Amour et la chaleur des corps enfiévrés avec Karim.
Cette étreinte des corps avant mariage que la société interdit, par les prêches de prédicateurs de plus en plus véhéments.
Dans cette société algérienne prise en étau entre tradition et modernité et dont certains groupes veuillent rétablir la pureté religieuse et en conséquence veuillent bannir la femme de l'espace public.


Mais le bonheur n'est pas pour Nadia et ce sera Karim qui lui donnera la première estocade par sa rupture sèche et brutale. Une énorme brûlure d'un désespoir qui lui rongera le coeur.
Ce sera aussi une vie qui naitra dans son ventre, comme une verrue, comme une sangsue, comme un parasite planté là, pour mieux anéantir la jeune fille.
Aura-t-elle la force de garder son enfant ?

Viendra aussi le jour de l'affrontement avec son frère Djamel...


C'est un beau roman très émouvant pour cette tragédie que vivra Nadia.
Maïssa Bey y dénonce aussi cette société trop patriarcale pleine de tabous et de mensonges. Elle y dénonce aussi et surtout cette violence constamment infligée à des milliers de femmes.
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