ses Aphorismes, où Füssli déclare : « La réalité foisonne de déceptions pour celui dont les sources de plaisir jaillissent de l’Élysée de l’imagination. »
Johann Heinrich Füssli (1741-1825)
Roméo et Juliette (1809, huile sur toile, 143x112 cm)
Dans ce tableau, Füssli représente la troisième scène du cinquième acte de Roméo et Juliette de Shakespeare. L’action se déroule dans un cimetière de Vérone. Füssli fixe l’instant où Roméo, ôtant le linceul de Juliette et lui soulevant tendrement la tête de sa main gauche, s’apprête à lui donner un dernier baiser. Le clair-obscur caravagesque qui enveloppe la scène fait ressortir avec éclat le teint diaphane des deux jeunes gens. Le calme, insolite chez Füssli, qui se dégage de ce tableau à la composition équilibrée renforce le caractère intemporel de cette scène d’amour absolument poignante, « une minute suspendue d’adoration éternelle » (Gert Schiff). L’œuvre démontre avec force que Füssli ne s’est pas arrêté aux seuls éléments dramatiques de la pièce de Shakespeare, mais qu’il sait également en révéler l’émouvante dimension élégiaque.