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Critique de jovidalens


"Les garde-fous".
Qui sont les fous ? Qui sont les gardes ?
Les gardes isolent les fous dans des maisons bien à l'abri de la société dans des grands domaines. Mais c'est aussi le moyen de protéger la société de ces fous. Des hôpitaux ou clinique psychiatriques, c'est ainsi qu'on les nomment des "maisons" isolées dans un grand domaine bien clos. Ces "maisons" sont construites pour à la fois surveiller et laisser une certaine autonomie aux malades, avec de grands couloirs vides, de grands espaces vides, meublés du stricte nécessaire. Les matériaux utilisés sont aseptisés comme le verre, l'inox...Ceux qui y vivent, où plutôt vivent leurs phantasmes, isolés du reste de la société, errent plus ou moins conscients. Ceux qui ne sont pas trop atteints, se promènent dans le domaine où ils font semblant de pêcher, de lire...Les autres restent à l'abri de cette sorte d'aquarium. A travers les vitres, on peut les voir déambuler, surveillés par de grands écrans, par un infirmier (?) qui les aide à prendre conscience de la vie qui existe à l'extérieur. Il paraît que la musicothérapie est efficace... La difficulté, c'est le nouvel arrivant. Il faut y faire très attention car parfois ce malade atteint à ses jours. ça arrive parfois. Et dans ce cas le "garde" est...remercié. Il faut un caractère bien trempé aux soignants qui y sont assignés. Voyez comme l'un d'eux craque et s'enfuit en courant à perdre haleine dans le couloir qui va lui permettre de retrouver la vie normale. Dommage, c'était un jeune diplômé brillant cet Adrian, mais aux nerfs trop fragiles.
Certains jours c'est la visite. Les visiteurs ou se présentent à la grille qui ferme le tunnel d'accès, ou utilisent des barques pour un semblant de vie sociale. Tunnel, barque les deux symboles du passage d'un monde à un autre...

Ils sont beaux, cultivés et pétés de thunes. Tout leur a réussi mais à quoi bon ? Lui a besoin de repos, donc restera se reposer dans sa villégiature.
Elle s'appelle Alice, a du vent dans les cheveux, l'envie de vivre en parlant de livre, en tentant de se sentir utile. Drôle de petite infirmière qui tente de ramener à la raison un pauvre hère qui vit dans la forêt, essaie de se ré-accoutumer à la vie, en faisant semblant de pêcher, de lire, de discuter...

Elle s'appelle Alice et fait semblant d'être l'épouse attentionnée de cet homme dérangé qui s'appelle Lentz et qui est éditeur. Il a besoin de repos M. Lentz. Un "burn out" peut être...ou une crise de schizophrénie ???
Elle s'appelle Alice, est souvent ébranlée par ce monde et se fait épauler par un soignant plus expérimenté qu'elle. La preuve : c'est le seul qui est tout rond, alors que tous les autres ressemblent à des fantômes. Il épie les conversations, va régulièrement à l'extérieur, reçoit celui qui est en crise dans son bureau (on dit plutôt, sa chambre) pour parler musique. Non, non, ce n'est pas le psychiatre du lieu, juste le père d'Alice.

Jusqu'au jour ou un policier poursuit un psychopathe en ce lieu : il est le roi des incompétents. Il s'adresse à Alice en utilisant son véritable patronyme Melle Harno, il perturbe les malades et sème un fiasco gigantesque ; deux malades se tueront et Alice s'en sortira grâce à son sang-froid et à ses compétences d'infirmière aguerrie. Sous son air fragile, elle est solide Alice. Et puis tout rentrera dans l'ordre, ordre médical, bien sûr.

Elle s'appelle Alice et l'appelle Bel Homme et lui, lui lui demande "Tu veux du thé?".

C'est l'histoire que j'ai lu. Tout est illusion dans ces jeux de lignes anguleuses et ces aplats. Les couleurs appartiennent à la gamme des couleurs apaisantes : ces verts, ces gris, ces bleus. Même la lumière du soleil est éteinte. Seul du rouge quand il y a une explosion de colère, de démence. Et Lentz, et Boone changent de faciès, passent d'un aspect calme, d'homme élégant, de petits garçon sage, à un visage tordu de rictus, halluciné. C'est si discret que seul ce policier complètement infatué de lui-même ne s'en rend pas compte.

Décidément M. Bezian conçoit les maisons comme des lieux clos sur eux-mêmes, terrain de jeux pour toutes les bizarres. Déjà dans "Ne touchez à rien" il nous décrivait une vieille maison bourgeoise hantée, gérée par un couple de momies qui veillait à ce que les occupants ne changent rien à leur maison. Maison, domaine des folies humaines, bien isolées du regard de la société.
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