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EAN : 9782756006291
79 pages
Delcourt (29/08/2007)
3.39/5   22 notes
Résumé :
A Barcelone, le corps flottait dans la piscine privée de l'immeuble. A Gibraltar, dans un bassin du port. A Naples, dans une fontaine... Notre villa est la plus isolée, par ici...
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Bien que se terminant en queue de poisson, je trouve cette BD, tout simplement magistrale !
Quelle ambiance ! Quelle coloration ! Un scénario sobre et subtil. Des phrases qui font mouche, sans paraître artificielles.

La spacieuse villa moderne, entourée d'un lac et d'une pinède, aux lignes épurées et aux larges baies vitrées, conçue par Olivier Bézian (frère de l'auteur ?) devient personnage à part entière et symbole de la dialectique : enfermement/ liberté.

Le titre renvoie à la fois à la notion de santé mentale et d'architecture, puisqu'il désigne aussi une rambarde. Je suis d'ailleurs arrivée à cette « pépite » en demandant à notre libraire adoré (qui ne se reconnaîtra peut-être pas, mais que je remercie pour sa sagacité) un cadeau potentiel pour ma fille qui veut devenir architecte. Comme moi, elle a adoré.

Menant l'enquête j'ai même appris que « dans le domaine des sciences sociales on parle de la sociologie comme discipline de vigilance, comme garde-fou par rapport aux réflexes axiologiques et cognitifs qui caractérisent la connaissance naturelle du monde social que possède chaque individu ». Une belle étude sociologique d'archétypes comme l'écrivain/éditeur, le critique de musique ou le commandant de police.

Je tiens à rajouter trois mentions qui se veulent volontairement lapidaires : « Au moins pour PLAYTIME, ce livre est dédié à Jacques Tati » (l'auteur), l'opéra de Pelléas et Mélisande de Claude Debussy et Othello de William Shakespeare, puis Orson Welles.

C'est, comme disent d'aucuns, « glaçant » à souhait, mais on en redemande.
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"Les garde-fous".
Qui sont les fous ? Qui sont les gardes ?
Les gardes isolent les fous dans des maisons bien à l'abri de la société dans des grands domaines. Mais c'est aussi le moyen de protéger la société de ces fous. Des hôpitaux ou clinique psychiatriques, c'est ainsi qu'on les nomment des "maisons" isolées dans un grand domaine bien clos. Ces "maisons" sont construites pour à la fois surveiller et laisser une certaine autonomie aux malades, avec de grands couloirs vides, de grands espaces vides, meublés du stricte nécessaire. Les matériaux utilisés sont aseptisés comme le verre, l'inox...Ceux qui y vivent, où plutôt vivent leurs phantasmes, isolés du reste de la société, errent plus ou moins conscients. Ceux qui ne sont pas trop atteints, se promènent dans le domaine où ils font semblant de pêcher, de lire...Les autres restent à l'abri de cette sorte d'aquarium. A travers les vitres, on peut les voir déambuler, surveillés par de grands écrans, par un infirmier (?) qui les aide à prendre conscience de la vie qui existe à l'extérieur. Il paraît que la musicothérapie est efficace... La difficulté, c'est le nouvel arrivant. Il faut y faire très attention car parfois ce malade atteint à ses jours. ça arrive parfois. Et dans ce cas le "garde" est...remercié. Il faut un caractère bien trempé aux soignants qui y sont assignés. Voyez comme l'un d'eux craque et s'enfuit en courant à perdre haleine dans le couloir qui va lui permettre de retrouver la vie normale. Dommage, c'était un jeune diplômé brillant cet Adrian, mais aux nerfs trop fragiles.
Certains jours c'est la visite. Les visiteurs ou se présentent à la grille qui ferme le tunnel d'accès, ou utilisent des barques pour un semblant de vie sociale. Tunnel, barque les deux symboles du passage d'un monde à un autre...

Ils sont beaux, cultivés et pétés de thunes. Tout leur a réussi mais à quoi bon ? Lui a besoin de repos, donc restera se reposer dans sa villégiature.
Elle s'appelle Alice, a du vent dans les cheveux, l'envie de vivre en parlant de livre, en tentant de se sentir utile. Drôle de petite infirmière qui tente de ramener à la raison un pauvre hère qui vit dans la forêt, essaie de se ré-accoutumer à la vie, en faisant semblant de pêcher, de lire, de discuter...

Elle s'appelle Alice et fait semblant d'être l'épouse attentionnée de cet homme dérangé qui s'appelle Lentz et qui est éditeur. Il a besoin de repos M. Lentz. Un "burn out" peut être...ou une crise de schizophrénie ???
Elle s'appelle Alice, est souvent ébranlée par ce monde et se fait épauler par un soignant plus expérimenté qu'elle. La preuve : c'est le seul qui est tout rond, alors que tous les autres ressemblent à des fantômes. Il épie les conversations, va régulièrement à l'extérieur, reçoit celui qui est en crise dans son bureau (on dit plutôt, sa chambre) pour parler musique. Non, non, ce n'est pas le psychiatre du lieu, juste le père d'Alice.

Jusqu'au jour ou un policier poursuit un psychopathe en ce lieu : il est le roi des incompétents. Il s'adresse à Alice en utilisant son véritable patronyme Melle Harno, il perturbe les malades et sème un fiasco gigantesque ; deux malades se tueront et Alice s'en sortira grâce à son sang-froid et à ses compétences d'infirmière aguerrie. Sous son air fragile, elle est solide Alice. Et puis tout rentrera dans l'ordre, ordre médical, bien sûr.

Elle s'appelle Alice et l'appelle Bel Homme et lui, lui lui demande "Tu veux du thé?".

C'est l'histoire que j'ai lu. Tout est illusion dans ces jeux de lignes anguleuses et ces aplats. Les couleurs appartiennent à la gamme des couleurs apaisantes : ces verts, ces gris, ces bleus. Même la lumière du soleil est éteinte. Seul du rouge quand il y a une explosion de colère, de démence. Et Lentz, et Boone changent de faciès, passent d'un aspect calme, d'homme élégant, de petits garçon sage, à un visage tordu de rictus, halluciné. C'est si discret que seul ce policier complètement infatué de lui-même ne s'en rend pas compte.

Décidément M. Bezian conçoit les maisons comme des lieux clos sur eux-mêmes, terrain de jeux pour toutes les bizarres. Déjà dans "Ne touchez à rien" il nous décrivait une vieille maison bourgeoise hantée, gérée par un couple de momies qui veillait à ce que les occupants ne changent rien à leur maison. Maison, domaine des folies humaines, bien isolées du regard de la société.
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Alors là… j'avoue, je suis soufflée…. soufflée par cette découverte qui me laisse sidérée par tant d'émotions nouvelles à la lecture d'une BD. J'ai été quasi envoûtée, hypnotisée par le graphisme, la sophistication du dessin. Les couleurs utilisées sont à ce jour ce que j'ai trouvé de moins conventionnel dans une BD. Tantôt froides, souvent pâles, elles épousent le récit avec audace.
Les personnages, silhouettes fluides, souvent en mouvement, incarnent un mystère un peu inquiétant. le décor principal est une maison à l'architecture moderne, sobre, minimaliste et luxueuse (l'album est dédié à Jacques Tati), tantôt refuge, tantôt prison, une « cage », comme le dit l'un des protagonistes. le volume de chaque pièce figure l'espace infini où l'on peut définitivement se perdre. Alentour, le lac semble un réceptacle stagnant de tous les marasmes des personnages. Au-delà, la forêt, ses arbres aux silhouettes inquiétantes et tronquées sont comme des points d'interrogation : sont-ils le lieu de la sécurité ou du danger ?
Le récit est un polar, haletant jusqu'au dénouement. La facture de l'histoire est assez classique, mais le traitement est si original que j'ai dévoré chaque case fébrilement. Certains cadrages sont d'une beauté extraordinaire, magique. Je revois Orson Welles dans Othello projeté sur l'écran géant d'une immense pièce. Je revois une tache de sang qui hurle soudain dans le silence blafard. Je revois une maison engloutie sous une eau verdâtre. La psychologie des personnages est elle aussi minimaliste, mais peu importe, l'histoire est au fond secondaire. Ce qui compte, c'est l'ambiance, l'atmosphère, l'irréalité des lieux comme des choses et des paroles. Même la police de caractère du texte est étrange et ensorceleuse. L'auteur est un alchimiste, son album une oeuvre d'art.
Je n'en resterai pas là avec Frédéric Bézian.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Les garde-fous sont ce qui nous préserve de la folie.
Simples rambardes ou constructions mentale qui empêchent de basculer, au propre ou au figuré.
Tout commence dans une atmosphère fantomatique. Une maison plantée au milieu d'un lac qu'on ne peut rejoindre que par barque. Boris Lentz l'a fait construire pour sa femme, Alice, qui ne supoorte pas la ville et préfère l'isolement.
Un tunnel sécurisé permet de s'y rendre à sec, mais cet artifice est jalousement gardé par les propriétaires. Une réception va avoir lieu et les invités débarquent. Les maîtres de cérémonies sont dans l'éditions. Auteurs, éditeurs, attachés de presse... tout un microcosme qui s'autocongratule dans une étrange ballet d'apparences. Magda fête son nouveau roman, Boris Lentz y voit le dernier acte avant un repos bien mérité, Alice y sacrifie à ses obligations tandis que son père s'énerve qu'on le présente comme "à la retraite". L'attachée de presse tente de débaucher le stagiaire avant de se rabattre sur un extra.
La routine.
Jusqu'à ce qu'un policier contacte Lentz par téléphone.
Onctueux, inquiétant, malsain, il évoque Boone, un tueur en série qui pourrait avoir fait de la maison de Lentz le décors de son prochain crime. Il serait peut-être déjà là. Il pourrait être parmi les invités, indétectable. Ou bien quelqu'un de plus proche, comme ce stagiaire emprunté. Lentz lui-même pourrait bien être suspect. Et ce policier trop sûr de lui est-il bien qui il prétend être ?
D'une écriture subtil qui manie le non-dits et les doubles-sens, ce livbre intrigue beaucoup. Bézian y déploie son style à la fois souple et très sec. Les personnages sont diune élégance inquiétante. Les postures et expressions franches et pourtant teintée d'une forme d'abstraction. C'est brillant, jusqu'à une conclusion qui tombe un pau à plat. Tout ça poiur ça, me direz-vous ? Sans doute, il semble manquer un élément. Bézian voulait sens doute en dire plus. ce qui dissimule la surface de ce lac est trop significatif pour ne pas voir un sens plus profond que la simple "coïncidence" qu'elle semble être. Il manque quelque chose, vraiment. Mais Bézian reste unn auteur que j'aime beaucoup.
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Je découvre Frédéric Bézian avec cette oeuvre. Il est, parait-il, un auteur à univers et c'est ce que j'ai pu vérifier en lisant les garde-fous. Ce thriller, à la trame somme toute classique, est surtout marqué par l'atmosphère particulière qu'il dégage. Un climat glacé, dérangeant, qui filtre au travers d'une scénographie lugubre. Une maison moderne et aseptisée, à la décoration ultra dépouillée, cernée par un lac sinistre et une forêt oppressante qui obstruent tous les horizons. Un petit monde fermé qui finit invariablement par provoquer un sentiment de claustrophobie. Dans ce cadre chenu, évolue une galerie de personnages des plus troublants. La ligne fine et acérée de l'auteur laisse deviner dans leurs visages un accent de désespoir, une névrose sous-jacente qui peut exploser à tout instant. La colorisation très sobre en rajoute une couche. Se limitant pour chaque case à deux ou trois nuances posées en aplats assez ternes, elle rythme les silences, installe les tensions et accentue considérablement la dimension glauque de l'ensemble.

Si la narration au cordeau est remarquable dans sa gestion du temps ou ses dialogues ciselés, j'ai beaucoup plus de retenue concernant un scénario très convenu et sans surprise. Soutenu par l'ambiance, il ne se révèle accrocheur que jusqu'au milieu du récit. Lorsque l'on bascule dans le huis clos, la magie ne fonctionne plus tout à fait. Même en essayant de jouer le jeu, je n'ai pas adhéré au changement qui intervient dans les comportements des protagonistes. Trop brutal à mon goût. Et s'il peut se justifier par le stress de leur claustration ou la présence menaçante du tueur, je l'ai appréhendé avant tout comme une manoeuvre pour les muer en nouveaux suspects à nos yeux et nous encourager sur d'artificielles fausses pistes. Mauvaise pioche...

Un album qui ne restera pas gravé dans ma mémoire. Néanmoins, il me met le pied à l'étrier, donnant l'envie de faire plus ample connaissance avec l'oeuvre de Bézian.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 mars 2008
Lecture jeune, n°125 - Dans une villa d’architecte, au bord d’un lac, Boris et Alice Lentz, un couple d’éditeurs, convient leurs amis à fêter la parution de leur nouvel ouvrage, un futur best-seller intitulé Les Âmes rouges, inspiré de faits divers sanglants. Mais la soirée est troublée par l’arrivée d’un inspecteur qui prétend que la jeune femme sera sans doute la prochaine victime d’un tueur en série… Bézian nous propose une fois de plus une œuvre singulière tant par son scénario que par son dessin : le cadre lisse, au cœur d’une forêt oppressante se transforme en piège étouffant. L’alternance de vignettes classiques et « allongées », la présence de personnages aux silhouettes étirées et aux visages émaciés, ainsi que l’emploi de couleurs froides concourent à créer une atmosphère glaciale et hitchcockienne. La peur devient omniprésente et la tension monte jusqu’au dénouement final. Un univers qui saura séduire les lecteurs et un thriller vraiment très réussi. Agnès Donon
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
– Magda Meckenheim, que lisez-vous, actuellement ?
– Les faits divers ! La meilleure fiction c’est la réalité !

(p. 8)
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- " Le public a la conscience lente mais la psychose rapide... "
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- Architecture de parvenus !
- Parvenus à te mettre dans un catalogue de best-sellers ?!
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