Narcisse a donné le mot "narcissisme", qui dénonce un amour excessif et exclusif de soi. Mais Narcisse ne symbolise pas que cela. Comme toute grande image issue du mythe, celle-ci a plusieurs interprétations. Narcisse qui se noie en tombant dans l'eau où il s'admire est aussi l'être humain qui se perd dans l'abîme de l'introspection et l'exploration de la profondeur sans fond de son intériorité. Ne faut-il pas toujours se perdre pour se trouver, pour se retrouver en profondeur ?
HUMANISME (une clé du sens de l'univers) in Bidar Histoire de l'humanisme en occident page 17, Cette hypothèse d'un statut unique de l'être humain dans l'ensemble de l'univers a concentré et enflammé la curiosité des meilleurs de nos philosophes et de nos artistes, dérouté et inspiré à la fois leur intelligence et leur imagination, et tous ont semblé s'accorder sur une conviction: celle que l'homme a raison de s'interroger sur l'homme.
L'Occident a continuellement cultivé cette croyance à partir d'une idée force, toujours réaffirmée sous une multitude de formes: dans cet immense univers qui nous paraît incommensurable, l'être humain constitue bel et bien la plus grande énigme.
Mieux encore, l'intuition la mieux partagée de siècle en siècle a été que s'il y a bien quelque part une clé du sens de l'univers c'est du côté de l'homme qu'il faut la chercher.
in Abdennour Bidar, Histoire de l'humanisme, page 284
Mais comment réussir à faire pousser ce grand arbre de l'humanisme universel avec autant de racines?...Qu'est-ce qui dans l'humanisme de chaque civilisation est à la fois assez singulier et communicable pour être universalisé?
(…) un idéal et une vocation parmi les plus nécessaires de l'humanisme : éduquer en chaque être humain la capacité de se sentir relié à toute l'humanité par un lien de coeur et de chair, à le regarder avec considération, bienveillance et confiance, sans prévention, préjugé ni défiance d'où qu'il vienne et quelle que soit son apparence. Il n'y a (…) que le développement de ce lien à la fois spirituel et physiquement ressenti de la proximité d'autrui -malgré la différence de son origine, de sa religion, de sa culture- qui peut rendre réellement impossibles aussi bien le racisme que l'indifférence à la misère, le repli sur soi que le rejet de l'étranger ou de l'inconnu.
Nous sommes une civilisation où chaque génération a grandi pendant des siècles en voyant tous les jours au bord des chemins le martyre du Dieu-Homme gravé dans la pierre de ses croix.
En occident, tous les chemins mènent à l'homme.