Elle enroule le vent d’un revers de foulard. « Je veux plus de toi, de ton journal de neige, de ta boîte à chaussure, de ton pote cinglé !
– Me fais pas ça.
– J’en peux plus de jouer pour tes débris. Tout ce que tu veux pour nous, c’est ça, ce futur là tout décâlissé. »
Le champs des possibles est glacé. La voie ferrée s’éteint dans un brouillard. Je cherche des yeux le monde oblique, entre ces paillettes suspendues. Rien que la buée de mon souffle.
« Si tu pars, je lui dis, tu dois me donner une image. »
Son expression shifte d’un ton de rose. Elle cherche en silence un cadeau d’adieu.
Et lentement, tristesse.
[Baiser la face cachée d'un proton, Sabrina Calvo]
Les mots n’étaient pas nécessaires. Parfois, la seule façon de dire à quelqu’un qu’on l’aime est de lui montrer quelque chose de beau.
Les Neuf derniers jours sur Terre, Daryl Gregory
Quand on se souvient du moment capturé, se rappelle-t-on ce qu’on a vu, ou ce que l’appareil a fabriqué ?
Pensées et prières, de Ken Liu
J'ai un gros souci avec les deadlines.
(p.146)
(Sabrina Calvo dans l'interview)
Comment une image fixe ou une vidéo pourrait-elle capturer l'intimité, l'humeur, la perspective subjective, la teneur émotionnelle d'un instant où, moi, j'ai perçu la beauté impossible de l'âme de mon enfant ? Je refuse que des représentations numériques, des ersatz électroniques filtrés par des couches d'intelligence artificielle, entachent mes souvenirs de ma fille. (p.43)
Ken LIU, "Pensées et prières"
Personne n’écrit comme Sabrina, personne ne peut raconter de telles histoires – roman après roman, un univers d’une singularité inouïe se déploie, vibrant de poésie, de bizarrerie et, me semble-t-il, d’une férocité douloureusement comique. À chaque ligne ou presque, une trouvaille vous saute à la gueule, et vous ne savez pas s’il faut rire ou pleurer avant de réaliser qu’en vérité, c’est la même chose.
Fabrice Calvo à propos de Sabrina Calvo
Il tartine une louche de bleuets en continuant de chanter l'avidité du monde.