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Ça y est !!! J'ai fait le tour complet de la bibliographie de Poul Anderson ! Bon, je triche. J'ai juste lu le dossier qui lui est consacré dans le n°75 de Bifrost, et vu l'étendue du chemin restant à parcourir avant d'avoir tout lu. Le dossier commence par une biographie éclairante qui appuie bien sur la double origine scandinave et américaine de l'auteur qui donne à ses récits cette saveur inimitable de richesse culturelle mêlée de sens de l'épique. Sa formation d'ingénieur vient par-dessus ajouter des pointes de science plus ou moins importantes à ses romans et ses nouvelles, étalant leur spectre depuis la hard science jusqu'à la fantasy pure. J'ai apprécié de découvrir à quel point sa femme Karen était impliquée, au point que les romans sont en définitive des produits familiaux au même titre que leur fille (qui épousa l'auteur Greg Bear, le monde est petit). J'aurais bien aimé être une petite souris pour voir les Anderson et les Vance faire un barbecue ou une randonnée. Suivent deux entretiens avec l'auteur datant de 1979 et 1985. Poul Anderson n'est pas Ursula le Guin ; chaque phrase ne fascine pas le lecteur mais ça n'est pas grave. On a affaire à un homme, pas à un philosophe. Il n'est pas foufou de catégorisation des romans de l'imaginaire en genres et sous-genres, ce en quoi je l'accompagne : au-delà d'un certain niveau de discrétisation je lâche prise (mais je peux comprendre ceux qui aiment ça). On saisit surtout comment sa conception de l'existence et de la mort des civilisations influe sur son écriture. Ceci est très bien résumé par James Blish (en préface de la nouvelle « In Memoriam ») « Pour Poul Anderson, le sens du tragique est une entité vivante. Il ne réside pas dans des lieux communs tels que le vieillissement, la mort des êtres chers, les horreurs de la guerre ou les catastrophes naturelles ; en tant que physicien, il sait que le gradient de l'entropie progresse inéluctablement dans une seule direction, et il ne perd pas de temps à pleurnicher là-dessus ». Puis on a droit à l'histoire de l'édition des oeuvres de Poul Anderson par la revue Fiction. Et l'on découvre comment l'évolution politique du sérail de la SF française vers la gauche extrême a fait évoluer le commentaire de l'oeuvre d'Anderson de « du grand art » à « de la petite bière impérialiste et raciste ». Cela mettra un frein malheureusement très efficace à la traduction que l'on subit aujourd'hui encore, alors que de petits éditeurs comme L'Atalante et le Bélial' rament pour traduire une masse imposante d'écrits de trente ou quarante ans d'âge. J'ai rarement trouvé intéressante la SF politisée des Curval et Andrevon à l'époque. Ils avaient perdu le Sense of Wonder, et il m'a fallu longtemps avant de retenter des auteurs français (à cause de ça j'ai loupé des gens fabuleux comme Christian Léourier). Puis c‘est la bibliographie complète, déclinée par thème et/ou cycle. On a de tout, du space-opera hard science à la fantasy pure en passant par la saga viking. La masse restant à traduire est imposante, je le répète. Et je ferai un bisou à celui qui décidera de traduire la fin du cycle du roi d'Ys dont on m'a dit le plus grand bien. Le magazine commence par quatre nouvelles (mais je les lis toujours en dernier). Deux de Poul, parlant pour l'une de la difficulté d'être télépathe dans un monde qui ne l'est pas (elle aurait influencé Robert Silverberg pour l'Oreille interne) et l'autre évoquant l'évolution de la Terre jusqu'à la fin, sur un ton froid spatial, sans aucune once d'émotions. Terrible et beau dans un sens. Elle m'a rappelé « Les derniers et les premiers » d'Olaf Stapledon. Prises en sandwich, deux nouvelles de Jean-Marc Ligny et Ken Liu du domaine de la dystopie informatique. Fascinantes. Ligny, que j'ai découvert l'an dernier, me plaît de plus en plus et je découvre Ken Liu qui semble ici à la hauteur de la réputation qu'on en fait. Bon sang ! J'ai été trop long. C'est que j'aime cet auteur. Et j'ai hâte de me replonger dans un de ses romans. + Lire la suite |