On a – et on aura – les paysages agricoles et les paysans que nous méritons, ceux de nos choix alimentaires.
Ne vous est-il jamais arrivé de boycotter une boutique de quartier parce que le propriétaire parlait à son employé comme à un chien ?
L’écologiste de l’offre (croissance verte) réclamera à cor et à cri le remplacement des centrales classiques par des énergies renouvelables. L’écologiste de la demande proposera de débrancher les télévisions”. L’écologiste de l’offre réclamera des gobelets à café en plastique recyclable, l’écologiste de la demande aura sa tasse dans le tiroir de son bureau.
L'apparition de techniques aux rendements ridicules, hier les sables asphaltiques de l'Alberta, au Canada, les agro-carburants des zones tempérées ou des panneaux photovoltaiques dans des zones nordiques, et demain des pétroles de schiste, en est le signe avant-coureur, et la confirmation que le système ne reculera devant aucune absurdité et aucune barbarie pour survivre. p239
Il n’y a pas de produit ou de service plus écologique, économe en ressources, recyclable, que celui que l’on utilise pas. [...]
Il n’y a pas de voitures “propres”, d’énergie renouvelable (totalement) “verte”, de produit “sans carbone” ou de transport “zéro émission”. Recycler est très important, mais ne suffit pas et ne peut nous “dédouaner” de notre consommation matérielle.
On a - et on aura - les paysages agricoles et les paysans que nous méritons, ceux de nos choix alimentaires. p162
Nous avons un souci de disponibilité des ressources devant nous, à plus ou moins brève échéance. La recette actuelle - une fuite en avant, la plus rapide possible à base d'innovation high tech - ne résoudra pas les problèmes. Reste l'option très rationnelle d'appuyer sur la pédale de frein : réduire, au plus vite et drastiquement, la consommation de ressources par personne. [...] L'enjeu n'est pas entre croissance et décroissance, mais entre décroissance subie - car la question des ressources nous ratrappera à un moment où un autre - ou décroissance choisie.
En quelque sorte d'acquérir le réflexe d'une "écologie de la demande" (décroissante), plutôt qu'une écologie de l'offre (croissance verte).
Mais en attendant des solutions extraterrestres, comme la planète a été à peu près entièrement colonisée et explorée, ce qui limite désormais, de facto, les stratégies migratoire et commerciale, nous misons logiquement notre avenir sur l'innovation technologique. p22
La diversité de nourriture, la croissance de consommation d'azotés et de glucoses n'est pas une surcharge due à la gourmandise mais une réponse compensatoire aux dépenses nerveuses impliquées par cette vie technicisée.