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Critique de oblo


Deuxième album de la série Nikopol, La femme piège n'a été éditée que six ans après le premier opus. L'action se déroule deux ans après les événements de la foire aux immortels, c'est-à-dire en 2025. Quittant Paris pour Londres, Bilal précise les caractéristiques de ce futur annoncé : les extraterrestres vivent sur Terre depuis une dizaine d'années et ils représentent autant de nouveaux groupes sociaux avec lesquels les humains interagissent.

Dans ce monde dystopique dans lequel on reconnaît beaucoup de notre monde actuel, Jill Bioskop est une journaliste vivant à Londres et qui entretient une relation avec John, un extraterrestre ultra sensible à la lumière. Dès le début du récit, John est victime d'un attentat à Chelsea. Bouleversée, Jill décide de partir vers Berlin, non sans avaler quelques pilules d'une drogue particulièrement forte qui altère son comportement et sa perception. Ainsi Jill tue-t-elle (ou pense-t-elle tuer, en tout cas) deux hommes qui l'ont aidée à gagner Berlin. Dans l'ex-capitale allemande, désormais enclave libre au milieu de l'empire tchécosoviet, Jill est témoin de la guerre de l'oeuf, sorte de revival absurde des guerres de religion.

Enigmatique et troublante, ne serait-ce que par son aspect physique (elle a la peau blanche et les cheveux bleus), Jill est évidemment le personnage-clé de l'album. Tout en étant centrale dans le récit, Jill est aussi celle qui fait le lien avec le premier album (dès lors qu'elle rencontre Nikopol, lequel a recouvré la raison tandis qu'Horus, qui s'est échappé de son cercueil de pierre, s'engage dans une logique de destruction une fois revenu sur Terre) ainsi qu'avec le lecteur puisque Jill communique avec le passé avec le script-walker. Habilement, l'auteur a placé, dans l'album, un fac-similé de l'édition du journal Libération, lequel se fait l'écho des articles reçus depuis le futur et envoyés par Jill.

Peu à peu, le fil de la narration renoue avec le premier album. Nikopol et Horus se retrouvent et la pyramide volante refait son apparition. Plus encore, c'est évidemment le dessin de Bilal qui est le lien fort de ces deux albums. La créativité de Bilal, son sens de la couleur et de la mise en scène sont autant d'atouts particulièrement utiles pour imaginer cet avenir dystopique.

Si, visuellement, l'album est d'une richesse époustouflante, la narration, elle, semble suivre un faux rythme. Il faut dire que c'est la fuite, le principal thème de l'album : Horus fuit ses divins semblables, Jill fuit la brutalité du monde par des moyens technologiques (l'avion de Londres à Berlin) et psychotropes (les pilules jaunes et rouges), Nikopol fuit un monde futur dont il n'a plus les codes (en abandonnant son corps à Horus, en se laissant dévorer par sa passion baudelairienne, en affirmant finalement à Horus vouloir vivre des aventures palpitantes). Quant au lecteur, sa fuite est toute trouvée : vers le sud, vers Froid Equateur.
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