Sans nom,elle est sortie des ténèbres.
Sans nom,elle est retournée aux ténèbres.
Née et morte: la nuit d'un solstice d'été.
La vie, la vie… je la sentais partout autour de moi. La mer verte, éclatante de vie, à commencer par les oursins accrochés aux rochers, en dessous, et les bernaches, et les algues qui rampaient jusqu’au piles de pierres de l’embarcadère. Les poètes chantent toujours l’eau bleu clair, mais cela l’est indifférent. Le bleu n’est rien; le bleu ne peut se refléter que dans lui-même.
P.99
C'était une belle soirée de février. La tempête faisait rage, le vent cinglant hurlait dans mes oreilles. La plage a son propre langage, avec son ruban ondulant de limon, les hiéroglyphes laissés par les pattes des oiseaux. En se retirant, les vagues font apparaître un nombre incalculable de trous dans le sable. Des bulles se forment pour s'évanouir aussitôt. C'est un nouveau langage, avec un nouvel alphabet, que je vais apprendre à lire.
Mes pouvoirs secrets compensent cette part de moi-même qui me manque.Je ne sais pas ce que c'est mais j'en souffre chaque jour.C'est comme si mes yeux ne pouvaient pas voir certaines couleurs.Comme si mes oreilles étaient incapables d'entendre toute une série de notes.Mais heureusement,grâce à mes pouvoirs,je me distingue des autres.S'ils disparaissent ,que me restera-t-il?
À cet instant précis, j’ai su ce qu’était la véritable peur.
Elle a un goût de trous sombres tout au fond de l’estomac, et elle vous tient par le cou, en vous serrant bien plus fort que Sir Edward en sera jamais capable.
Mais j’ai sauté.
Cinq mètres. Ce n’est rien. Je ne me suis pas écrasée contre l’eau. Je ne me suis pas noyée.
Je venais de renaître.
J’étais née à l’envers, j’avais jailli d’un élément dans un autre, de l’air au liquide, de l’aube à l’obscurité; et tout autour, le chant de la mer. J’ai fermé mes oreilles - oui, je peux les fermer! - et, contre tout instinct normal, j’ai vidé mes poumons. C’est alors que le monde s’est mis à ralentir - non, pas le monde. Corinna s’est mise à ralentir. À ralentir dans une nouvelle vie, pas dans la noyade et la mort.
P.120
Il est vrai que je peux trébucher sur n'importe quoi - un grain de poussière, un rayon de soleil, une idée. Je me déplace dans la vie comme si j'étais borgne, dans un paysage qui me paraît plat mais qui est en réalité truffé de trous et de hauts-fonds dissimulés. Il n'en a pas toujours été ainsi, mais peu importe. Je me débrouille bien pour naviguer à ma façon dans le monde.
Il y a un prix à payer pour posséder des pouvoirs particuliers. (p.172)
Le silence est une force, c'est quelque chose que j'ai toujours su. (p.10)