Citations sur La suite ne sera que silence (30)
Un autre des accusés, un (pédophile) socratique sans doute, avait énoncé face au garçon qui l'accusait l'une de ces énormités [...] : "Je ne suis pas violent, je les aime, ces jeunes, j'ai avec eux une relation pédagogique et sentimentale".
Est-ce qu'une masse de détails, un faisceau d'impressions, une muraille de présomptions montée pierre après pierre et qui cerne un accusé aussi sûrement que les murs d'une prison, peuvent tenir lieu de certitude ?
C'est tout le problème de "l'intime conviction" puisque la loi n'exige pas de preuve formelle pour déclarer un accusé coupable.
" le billot!" Je me souviens de mon petit malin, un jour qu'un copain nous avait raconté l'une de ses habituelles et incroyables aventures : " Mes couilles sur le billot que c'est vrai", s'était récrié le copain devant mon air incrédule, Léo qui avait alors 5 ans, avait demandé : " C'est quoi un billot, papa?"
Avec Julie on avait pleuré de rire.
On a tous notre part d’ombre.
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La prison pour quoi faire ? Pour punir, bien sûr. Bien sûr. Aussi pour prévenir la récidive. Une fois qu’il a tâté de la prison, pas un homme n’a envie d’y retourner. Mais chacun sait que la prison augmente plutôt les risques de récidive. La fréquentation des gros requins mène souvent les petits poissons au stade supérieur de la criminalité.
Mais il n’y a pas de justice, seulement la vérité.
La réalité peut revenir, par bribes, par flashs, ou en rêve, souvent beaucoup plus tard, à l’âge adulte.
Aujourd’hui nous mangeons avec des fourchettes, Louis XIV mangeait avec ses doigts. On ne s’éclaire plus à la bougie. On sait soigner la tuberculose. La peine de mort a été abolie, le bagne n’existe plus, on ne marque plus les criminels au fer rouge. Les femmes votent, elles ont conquis le droit au divorce, à la pilule et à l’avortement. Et la loi codifie les rapports entre les adultes et les enfants dans le respect, le droit et la considération.
Il faut pouvoir verbaliser les choses. Si le traumatisme est étouffé, il ressort plus tard. D’où le risque de voir certaines victimes devenues adultes répéter le schéma. C’est le processus bien connu de l’enfant battu qui devient bourreau, du malheureux qui fait d’autres malheureux.
Il y a ensuite les pédophiles séducteurs. Ils attirent l’attention du gamin, l’appâtent, le capturent en lui faisant croire qu’ils l’aiment. L’adulte passe du jeu d’enfant aux jeux sexuels et assouvit ainsi ses fantasmes sur ces petits êtres si malléables. Mômes piégés, victimes souvent d’un proche. Ce pédophile qui manipule est un escroc du sentiment. Comme il n’y a pas de violences physiques, celui-là parle de pédophilie douce. Mais la violence morale constitue le pire des traumatismes.