Quel homme voudrait épouser une femme qu’il considère comme sa sœur parce qu’elle est enceinte d’un autre ? Qui… Je me figeai alors qu’une réponse se formait dans mon esprit : un homme amoureux.
Je luttai contre l’envie de m’en prendre à elle, de lui cracher au visage tout un tas de choses que je ne pensais pas. Je savais que le faire ne me soulagerait qu’un court instant. Un bien trop court instant pour des cicatrices bien trop profondes. C’était toute la force d’une amitié : parvenir à s’arrêter à temps pour ne pas blesser l’autre en appuyant sur les points que l’on savait sensibles.
Il n’abandonnerait pas. Tant que je ne lui aurais pas fait face, il chercherait à me voir. Avais-je vraiment envie de passer mon week-end enfermée chez moi ? J’inspirai un grand coup tout en me répétant que je savais très bien tenir ma langue, que je ne l’avais pas vu depuis plus de quatre ans et qu’il n’avait plus aucun effet sur moi. Je n’étais plus une gamine influençable, ou encore une adolescente avec les hormones en folie.
Petite, j’étais tombée amoureuse de lui comme une fillette peut l’être d’un garçon plus âgé. Plus tard, mes sentiments avaient mûri, s’étaient étoffés jusqu’à m’étouffer. Mon unique petit ami n’avait pas fait le poids face à lui. Aucun homme n’avait pu me le faire oublier.
Alors, autant le reconnaître tout de suite, j’étais loin d’être vaccinée !
Depuis que j’étais toute petite, la lecture était mon loisir préféré. J’avais ainsi moins l’impression de déranger mes parents. Tout en caressant la couverture de mon roman, je repensai à eux. Trop absorbés par leur travail respectif, ils avaient pris l’habitude de me faire garder par des nourrices. J’en avais vu défiler beaucoup trop pour me souvenir de toutes, mais certaines avaient conservé une place spéciale dans mon cœur…
envie de lui exprimer ma façon de penser et, surtout, ce que je pensais de son attitude et de sa façon d’être en général, je rattrapai la pile avant qu’elle ne s’effondre sur le sol. J’étais prête à parier qu’il n’avait pas numéroté les pages et qu’il était déçu de ne pas me voir à genoux en train de tout ramasser, en me confondant en excuses. Parce que le pire, c’est que je me serais excusée ! Fichue éducation qui m’obligeait à plier devant ce genre de personnage… Et encore, côtoyer mes meilleurs amis m’avait un peu « endurcie ». Il ne me manquait plus que savoir m’imposer face aux tyrans de son espèce.