Citations sur Elève de quatrième... dimension (1)
Quand on quitte Vienne, et longtemps avant d'atteindre Budapest, on voit le Danube entrer dans un région désolée et étrangement abandonnée ; il quitte alors son lit pour se répandre sur chaque rive ; pendant des kilomètres, la campagne se transforme en un véritable marécage où les saules nains poussent à foison. Sur les cartes, cette région déserte est figurée par un bleu qui se dégrade à mesure qu'il s'éloigne de la ligne représentant le bord du fleuve, en formant comme des vaguelettes ; sur ce fond s'inscrit en larges lettres espacées le mot "Sümpfe" qui signifie marais.
Au moment des crues, cette mer de sable, de galets, ponctuée de saules est presque entièrement submergée ; le reste du temps, on aperçoit des buissons qui, tout bruissants, courbent la tête sous le vent ; ils laissent apparaître leurs feuilles argentées par le soleil et forment une plaine sans cesse mouvante dont la beauté est bouleversante.
[Algernon BLACKWOOD, "Les Saules" ["The Willows", 1907], recueil "Elève de quatrième... dimension", collection Présence du futur, éd. Denoël , 1966 -- page 57]