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Critique de Calidia


Lorsque les éditions Casterman et Babelio m'ont proposé de participer à une Masse Critique privilégiée pour recevoir Lotto Girl, je n'ai pas hésité une seconde : cette dystopie young adult me semblait prometteuse, dans un univers neuf et rafraîchissant. Merci à eux !

Et pourtant, je dois admettre avoir été un peu déçue, tout particulièrement par le fond du roman, son histoire et son univers, que je ne trouve pas assez développés. Ce roman, one-shot, aurait mérité plus d'approfondissement en partant au moins sur une duologie. Mais Georgia Blain, l'auteure, nous ayant quitté récemment, la suite (si elle était prévue), ne verra jamais le jour…

L'histoire prend place dans un univers technologique : la société BioPerfect contrôle ce monde grâce à la manipulation génétique. Toute la nature, la nourriture, l'environnement sont modifiés. Mais ce qui fait leur réputation, c'est la procréation avec choix d'ADN. Vous voulez un enfant intelligent ? Ayant la fibre artistique ? Beau ? Avec BioPerfect, tout est possible… Moyennant quelques sous.
Pour faire rêver le peuple - qui vit dans la misère pour fournir ce luxe aux plus puissants - BioPerfect organise régulièrement des loteries : des parents pauvres peuvent voir l'ADN de leur futur enfant modifié sans n'avoir rien à avancer. En plus de fournir des qualités gratuitement, BioPerfect s'engage à subvenir à leur besoin dans leur enfance puis à parfaire leur éducation dans leurs meilleures écoles.

L'héroïne de ce roman, Fern, fait partie de ces « Lotto Girl ». Accompagnée des trois autres Lotto Girl de sa promotion (Lark, Wren et Ivy), elle profite de tous les avantages de BioPerfect, dédaignant son passé et sa famille pour trouver une place importante au sein de leur hiérarchie.

Le roman alterne les passages avec Fern enfant et adolescente qui suit le chemin tracé pour elle à Halston, ce prestigieux pensionnat, avec Fern jeune adulte catapultée dans une usine de tri des déchets où elle cache son identité et survit à peine.
Le lecteur est catapulté au milieu de ces deux intrigues sans trop comprendre pourquoi de prime abord mais les explications viennent au fur et à mesure de l'histoire. Les quatre jeunes Lotto Girl se retrouvent bien malgré elles au milieu d'un complot qui voit s'affronter les Parents (à la tête de BioPerfect) et les Opposants.

A la fin du roman, nous n'en savons guère plus concernant cette « guerre ». Qui sont réellement les Parents ? Ils sont à peine mentionnés comme un Dieu totipotent qui n'aurait aucune réalité. Nous avons davantage de données sur les Opposants, quelques noms, quelques actions mais leur lutte semble vaine.
Quant au grand complot qui nous est révélé vers la fin du roman, nous ne savons finalement pas la vérité à la toute fin. Et si j'apprécie les fins ouvertes, la frustration devant cette interrogation finale est grande.

Je déplore aussi que l'univers n'ait pas été davantage exploité et affiné. Si les bases sont posées dès le début, nous n'avons plus vraiment de détails ensuite et j'ai eu beaucoup de mal à m'imaginer les scènes.
Est-ce un univers tout technologique ? Tous les personnages ont leur identité contenue dans leur portable (qui leur sert aussi à payer, à visualiser les infos, etc.) mais je n'ai pas réussi à bien en comprendre le fonctionnement. Pour joindre les Opposants, il faut par exemple plonger dans les Souterrains : est-ce seulement un réseau virtuel ou une action physique ? Comment se matérialise la différence entre les univers de BioPerfect ? Que se passe-t-il exactement lors des effacements ? Foultitude de questions qui restent sans réponse en refermant le bouquin.

Les personnages ne sont pas davantage travaillés, et par extension peu attachants. L'héroïne Fern est surtout montrée dans ses actions et malgré quelques questionnements philosophiques, elle me reste assez antipathique. Tout d'abord particulièrement égoïste, elle ne fait preuve d'aucune jugeote et est juste baladée d'un endroit à un autre. Les trois autres Lotto Girl sont également peu développées, même si Lark a réussi à me toucher : bien plus douce et moins aveugle que Fern.
Quelques autres personnages sont régulièrement nommés : le frère de Fern (qui ne sert finalement à rien), ses compagnons d'infortune (et notamment le beau Chimo), la gouvernante Margaret ou le jardinier Marcus. Ces deux derniers personnages avaient aussi beaucoup de potentiel et auraient mérité qu'on s'épanche un peu plus sur leur fin.

Ce roman offre toutefois des questionnements éthiques intéressants : notre personnalité et nos aptitudes sont-elles déterminées génétiquement ? Une bonne éducation n'a-t-elle pas plus de poids qu'une séquence d'ADN ? A l'heure des dérives eugéniques, c'est un thème qu'il est important d'aborder au travers de la littérature et notamment des dystopies.

Malgré tous ces points négatifs, Lotto Girl reste une lecture divertissante mais qui souffre d'une superficialité trop importante pour que j'en garde un souvenir durable.
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