La voix off de la vidéo pédagogique résonnait dans toute la classe. Jason était avachi au fond, son meilleur ami, Xan, à ses côtés. Comme tous les autres alphas de la pièce, ils étaient assis dans un calme total, leurs érections douloureuses se pressant contre le devant de leur pantalon.
Le film montrait un oméga nu déjà profondément en chaleur. Il était magnifique avec des cheveux noirs, une peau pâle et des muscles déliés. Le film n’était pas d’assez bonne qualité pour déterminer la couleur des yeux de l’oméga, mais ils étaient pâles, peut-être bleus ou verts. C’était exactement le genre de garçons qui attirait l’attention de Jason. Le contempler, exposé dans le film, enthousiaste et vulnérable, rendait Jason essoufflé d’excitation.
Durant ce cours, des films pédagogiques d’omégas à tous les stades de la chaleur, de la grossesse et de l’accouchement leur seraient présentés. Il avait entendu dire par des amis alphas plus âgés, d’un niveau scolaire supérieur au sien à l’université, que les films d’omégas aux Stades 2 et 3 étaient si intenses que les élèves alphas éjaculaient régulièrement en classe. Selon la rumeur, ils fournissaient des mouchoirs en papier pour le nettoyage et conseillaient aux alphas d’apporter des sous-vêtements supplémentaires de rechange.
Les autres alphas étaient distants avec lui maintenant, c’était vrai, mais il avait cru que c’était quelque chose qui allait passer tôt ou tard, comme tout dans la vie. Mais Xan avait peut-être raison. Peut-être que s’il contractait avec Vale… Non… Peut-être que quand il contractera avec Vale, il sera évincé de la bonne société pour toujours.
C’était douloureux, et quand bien même ? Il aurait plus de temps pour le jardinage, les lames de microscope et les revues scientifiques. Plus de temps pour ses recherches planifiées sur les gènes loup qui ont créé les genres alpha, bêta et oméga. Plus de temps à passer avec Vale et la famille qu’ils allaient créer ensemble.
Au diable la bonne société. De toute façon, il n’en était pas un grand fan, et ses parents non plus, même s’ils patinaient en périphérie, allant toujours aux bons événements et aux bonnes fêtes pour ne pas être considérés comme des parias. Il en était arrivé à les éviter naturellement.
— Nous sommes pareils, toi et moi, dit Xan. Pour différentes raisons, peut-être, mais ça n’a pas d’importance. Ce que nous voulons instinctivement n’est pas à la hauteur de notre culture, et à cause de qui nous sommes, nous sommes foutus.
Prenez Vale, par exemple. Laissé à lui-même, il n’était clairement pas l’oméga stéréotypé auquel un alpha pouvait s’attendre, et Jason savait grâce à Papa et Père que les omégas étaient taillés dans tous les bois d’humain, tout comme les alphas. Papa avait toujours soutenu qu’il était épouvantable de dépouiller les omégas de tout sauf des tâches ménagères. Père n’avait jamais exigé cela de la part de Papa, et Jason ne l’exigerait pas non plus de son oméga. Si Vale voulait recommencer à enseigner lorsqu’ils auraient contracté, consommé et se seraient liés, il s’assurerait que ce soit une option pour lui. Il s’assurerait que Vale ait ce qu’il voulait.
Les hommes chantaient sur la belle Roxanne qui vendait son corps alors que son amant la suppliait de comprendre qu’avec lui elle avait d’autres options. Vale se demandait à quoi ressemblait la vie des femmes autrefois. Il s’était souvent posé la question depuis qu’il avait compris, jeune garçon, qu’il était destiné à devenir un oméga.
Les femmes avaient-elles souffert comme les omégas aujourd’hui ? Il savait qu’elles n’avaient pas eu de chaleurs, mais qu’elles avaient plutôt souffert de menstruations mensuelles qui marquaient la fin de période de fertilité au lieu du début de celle-ci. Mais sinon, il savait peu de choses de leurs vies.
Mourraient-elles en couches ? Avait-on aussi exigé d’elles qu’elles se soumettent à leur alpha et abandonnent leur vie selon ses caprices ? La divinité qui les avait créées, Dieu-Loup ou peu importait ce qu’il y avait avant, les avait-elle obligées à le faire ?