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Citations sur Grammaire des arts du dessin (27)

Quelques philosophes ont pensé que l'idée du beau était un pur ouvrage de l’esprit, qui, en comparant des êtres imparfaits et en supprimant les défauts de chacun d’eux, s’élevait à la connaissance d’une perfection absolue. C’est ainsi, disent-ils, que le peintre Zeuxis forma son Hélène en réunissant les beautés éparses des plus jolies femmes d’Agrigente. Mais comment discerner les défauts d’une figure, si l’on n’a une idée préconçue de la beauté ? Comment Zeuxis aurait-il choisi la bouche de celle-ci, la main de celle-là, le pied d’une autre, s’il n’avait été dirigé dans son choix par une lumière intérieure ? Qui ne sent, du reste, que le rapprochement de parties séparément belles pourrait former un tout monstrueux, si l’artiste ne portait en lui le sentiment du lien qui doit les unir et en constituer l'harmonie ? Un tel sentiment, il le puisera dans cette conscience au sein de laquelle réside l’idée du beau, et qui est sans doute une secrète réminiscence de la grâce primitive du genre humain. Apprendre, dit Platon, c’est se ressouvenir.
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Si l’enseignement public est resté si longtemps muet sur les questions d’art, cela tient sans doute à la prédominance de certaines idées mal comprises. Par une abominable confusion, tant de chastes divinités, dont la présence élève l’âme et la purifie, étaient regardées comme des images suspectes enveloppant l’esprit du mal et toutes pleines de séductions dangereuses. De là l’éloignement de l’institution cléricale pour les arts païens, sentiment qui, dans nos collèges laïques, se traduisait par le silence. Et cependant, les grands papes qui firent peindre, sur les murailles du Vatican, l’École d’Athènes et le Parnasse, qui consacrèrent à l’Apollon, à l’Antinoüs, les plus belles chambres de leurs palais, ces pontifes à jamais illustres et qui, eux aussi, furent infaillibles, ne croyaient pas faire une œuvre impie en présidant à la résurrection de la beauté antique. Pourquoi donc serions-nous plus chrétiens que Jules II et Léon X ?
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L'oeuvre d'art est donc une création, puisqu'en pénétrant l'esprit des choses à travers les apparences, l'artiste produit des êtres conformes à l'idée créatrice, à l'idées vivante qui réside en lui.
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Ainsi l'art imite, ou bien il interprète, ou bien il idéalise, il transfigure. Mais entre ces deux extrêmes, l'imitation pure et l'idéal, il y a double péril à éviter : car, en imitant la nature de trop près, l'artiste court le danger de reproduire les pauvretés, et en s'éloignant trop de la nature, il peut perdre de vue les accents de la vie.
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Tous les germes de beauté sont dans la nature, mais il n'appartient qu'à l'esprit de l'homme de les en dégager. Quand la nature est belle, le peintre sait qu'elle est belle, mais la nature n'en sait rien.
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Quel profond savoir, quelle variété de connaissances ne supposent pas les monuments primitifs de l’Égypte et de l’Inde dans les corporations sacerdotales qui les conçurent ! C’était, encore une fois, toute une philosophie qui était exprimée par ces pagodes, ces pyramides, ces labyrinthes, et l’architecte si longtemps classique des temps modernes, Vitruve, était loin d’exagérer l’importance de son art lorsqu’il écrivait, au siècle d’Auguste, plus de quatre mille ans après la construction des Pyramides : « L’architecte doit savoir écrire et dessiner, être instruit dans la géométrie et n’être pas ignorant de l’optique ; avoir appris l’arithmétique et savoir beaucoup de l’histoire ; avoir bien étudié la philosophie, avoir connaissance de la musique et quelque teinture de la médecine, de la jurisprudence et de l’astrologie. »

Mais par cela même qu’ils représentent l’esprit des peuples, leurs croyances, leur manière de concevoir Dieu et le monde, les monuments de l’architecture sont les pages les plus sincères de l’histoire : voilà pourquoi leurs débris mêmes nous apprennent tant de choses sur la vie morale des sociétés. Les ruines de l’architecture sont les ossements fossiles de l’histoire humaine.
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Par un prodige inconcevable et dont le pareil ne se trouve que dans l’architecture, la musique, comme dit Rousseau, peut représenter ce qu’il est impossible d’entendre : elle peint avec des sons la paix du sommeil, le calme de la nuit, le désert ; par le mouvement elle fait naître l’idée de repos, et par le bruit elle exprime le silence !..
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Toute laideur nous fait souvenir de la beauté.

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L’homme, avons-nous dit, est un résumé de toutes les créations antérieures. La science moderne nous enseigne que l’embryon humain passe, dans le cours de son développement, par la forme des animaux inférieurs. C’est là ce qui explique, selon toute apparence, les ressemblances animales de certains visages. Quand le principe humain n’a pas suffisamment primé tous les autres en les effaçant, l’image des races inférieures reparaît plus ou moins sensible, et nous retrouvons alors, dans nos semblables, tantôt la tête du lion, tantôt la physionomie du renard, tantôt l’expression du tigre ou le caractère du vautour. Mais ces accidents individuels n’empêchent pas que l’humanité ne domine absolument toutes les races, et que l’homme ne soit l’intelligent abrégé du monde, dont il réunit tous les traits. Son squelette est l’image de ces rochers qui sont les ossements de la terre. Sa charpente osseuse est reliée par des nerfs, qui sont soumis à l’action de l’électricité comme les métaux ; elle est revêtue de muscles qui, par leurs saillies et leurs dépressions, rappellent les montagnes et les vallées, et tout son corps est arrosé par des ruisseaux de pourpre qui transpirent à travers la peau, comme les fleuves transpirent à travers la surface du globe. Enfin la chevelure qui ombrage l’organe de sa pensée est, suivant l’expression poétique de Herder, un emblème des bois sacrés où l’on célébrait jadis les mystères. L’homme, considéré dans sa vie organique, est donc un abrégé de l’univers. Il renferme dans ses entrailles toute la nature, mais cachée sous un appareil de beauté, c’est-à-dire enveloppée des organes de cette vie animale qui, chez lui, signifie proprement la vie de l’âme, animus. A l’intérieur, le corps humain est diapré, comme la nature, de mille couleurs, ainsi que l’annoncent déjà le vermeillon de ses lèvres, l’ivoire de ses dents, les tons bleu, brun, jaune et orangé de sa prunelle ; maïs, au dehors, sa peau ne présente guère qu’une teinte dont les nuances sont si fines que, même aux yeux d’un Titien ou d’un Corrège, elles se perdent à distance dans une chaude et lumineuse unité, dans un riche camaïeu.

(fallait en connaître des choses pour être Académicien...)
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Enfin le corps humain est une machine d’autant plus admirable, que le mécanisme en est évident pour l’esprit, mais voilé au regard. A chaque instant cette géométrique vivante est dissimulée par le mouvement, rompue par la perspective, masquée par la grâce. La figure humaine est donc une parfaite image de cette eurythmie qui, chez les Grecs, signifiait l’ensemble de toutes les mesures, la variété des accords contenue dans l’unité du concert.
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