Michel-Ange met de l'accent dans tout ce qu'il dessine, et cet accent est toujours énergique, même quand il est seulement indiqué, car là ou il n'est pas décisif et absolu, il s'annonce en quelques traits, il se fait préssentir, il se devine. Ce que les autres disent avec douceur et dignité, il le dit avec passion. Ce que Raphaël dessinerait en souriant, il le dessine, lui, en froncant le sourcil.
À l'inverse des artiste de l'antiquité qui animaient leurs oeuvres au souffle de l'âme universelle, il anima les siennes au souffle de son âme, il les signa de d'un nom propre ; il les marqua de sa griffe. Il se servit de la nature, non pas tant pour mettre en relief les beautés qu'il y avait aperçues, que pour montrer la manière personnelle dont il les aviat senties.
Les moindres croquis de cet artiste extraordinaire commandent l'attention et vous imposent. L'homme simple en est surpris, le connaisseur en est ému, le peintre et le sculpteur en sont saisis d'admiration et quelquefois consternés.