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Critique de Arakasi


Allez, assumez ! Vous aussi, quand vous étiez petit, vous avez enquiquiné votre maman pour qu'elle vous taille une armure de chevalier en carton. Vous aussi, vous avez rêvé de combattre de terribles dragons, de trouver de fabuleux trésors et de tuer de cruels félons. Vous sortiez à peine de vos couches culottes et l'arthuromania vous avez déjà contaminé… Dans certains cas, la chose est allée en s'aggravant : vous avez béé d'admiration devant « Escalibur » de Boorman, dévoré « L'Enchanteur » de Barjavel, rigolé comme des baleines devant la série télévisée « Kaamelot » et poussé parfois le vice jusqu'à relire des classiques comme le « Perceval » de Chrétien de Troyes. Avec tout ça, vous pensiez avoir fait le tour de la légende ? Quels naïfs vous faîtes ! Avec son essai « le Roi Arthur, un mythe contemporain », William Blanc s'empressera de vous détromper.

Certes, son travail n'est pas complètement exhaustif – le sujet est beaucoup trop riche pour être disséqué en quelques centaines de pages seulement – mais William Blanc nous offre tout de même un très large aperçu des expressions de la légende arthurienne. Si une première partie d'une cinquantaine de pages est consacrée aux prémices du mythe, la majorité de son ouvrage se concentre sur ses adaptations contemporaines : romans, bandes dessinées, films, séries télévisées, chansons, jeux vidéo, jeux de société… le spectre de médiums est large, comme vous pouvez le constater.

Et encore plus large est celui des interprétations. A chaque époque ou courant politique, son mythe arthurien ! Dans les années 60, les admirateurs de Kennedy idéalisent la figure du monarque charismatique et bienveillant, chargé de conduire son peuple vers un avenir radieux. Au XIXe siècle, on préférait en revanche celles des chevaliers, les comparant aux hardis colonisateurs amenant la bonne parole au sein des terres barbares. Même les personnages plus secondaires du mythe, comme Merlin ou Morgane, seront récupérés et mis en avant par des mouvements idéologiques, l'un devenant un des figures de proue des écologistes, tandis que l'autre est magnifiée par les féministes.

Mais l'ouvrage de William Blanc n'a pas seulement vocation à étudier l'historiographie du mythe – étude déjà passionnante en soi. Comme il le démontre avec talent, l'engouement pour la légende arthurienne répond à un sentiment intemporel : le besoin de merveilleux et de réenchantement. Dans un monde moderne décevant et effrayant, il est naturel de rechercher dans le conte à la fois un refuge et l'espoir de meilleurs lendemains. A la fin de la comédie musicale « Camelot » qui connut un succès écrasant dans les années 60, le roi Arthur agonisant confiait un flambeau à un jeune page avec ces derniers mots : « Faites que personne n'oublie que, pendant un moment bref et éclatant, il y a eu Camelot. » Ces temps bénis reviendront-ils un jour ?

Tout ça pour dire que, on a beau jouer les durs et les cyniques, aux heures sombres, l'enfant qui est en nous ne désespère pas de voir un jour revenir Arthur d'Avalon pour guider l'humanité et lui faire « toucher les étoiles ». Gageons donc que le mythe arthurien a encore de beaux jours devant lui…

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