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Critique de boudicca


Ce troisième tome de « La vie aventureuse de celle que l'on nommait Calamity Jane » concerne les années 1877 à 1903, soit les derniers moments de l'existence de cette figure emblématique de la conquête de l'Ouest que l'on découvre ici sous un jour peu flatteur. Car, avouons-le, la dernière partie de la vie de Martha Jane Cannary est beaucoup moins exaltante que ses premières aventures et laisse place à une certaine désillusion. La même que celle qui a fini par frapper la plupart de ces colons partis pour le Nouveau Monde en quête de l'eldorado et rattrapés par la dure réalité. Calamity Jane est certes une femme célèbre, libre et indépendante, mais à quel prix ? A l'exhalation et au frisson de l'aventure succède la déception au vue de cette vie rude et solitaire passée sur les chemins et de ces êtres chers perdus ou abandonnés en court de route. Alcool, maladie, conjoint violent, nouvelles grossesses plus ou moins heureuses... : notre pauvre héroïne ne sera pas épargnée dans les dernières années de sa vie et c'est avec tristesse que l'on assiste à la déchéance de cette femme hors du commun rongée par trop de démons pour pouvoir un jour aspirer à une vie dite « normale » dans l'Ouest.

Le temps des exploits est donc fini pour Calamity Jane dont la notoriété ne tient plus qu'aux coups d'éclat réalisés pendant sa jeunesse et qu'elle cherche tour à tour à embellir ou au contraire à présenter sous un angle plus réaliste. La bande dessinée montre parfaitement le conflit intérieur qui habite l'héroïne, partagée entre le désir de briller et de se montrer sous un jour plus favorable (d'où les nombreuses exagérations et bobards relayés par la presse), et celui d'avouer sa déception et son chagrin devant le gâchis qu'est devenue son existence. Difficile de ne pas s'apitoyer sur son sort, tout en se rappelant avec nostalgie de la femme fougueuse et avide d'aventure dépeinte dans les albums précédents qui a ici laissé place à une épave prématurément vieillie par ses trop nombreux excès et incapable de se passer de sa ration d'alcool. On sent bien là encore que Matthieu Blanchin et Christian Perrissin se sont abondamment documentés sur cette partie de la vie de Calamity Jane pour laquelle on dispose de davantage de sources, qu'il s'agisse des coupures de presse recensant ses apparitions dans diverses villes de l'ouest, ou encore des lettres écrites à sa fille dont les auteurs nous proposent divers extraits.

Matthieu Blanchin et Christian Perrissin nous offrent avec ces trois albums une remarquable biographie illustrée d'un des personnages parmi les plus marquants de la Conquête de l'Ouest. Calamity Jane aura su marquer ses contemporains et les générations futures grâce à une gouaille naturelle et un insatiable désir de liberté qui la pousseront à rejeter les carcans imposés aux femmes par la société du XIXe siècle. Un destin hors du commun qu'on prend énormément de plaisir à suivre en même temps que les événements les plus célèbres de la Conquête de l'Ouest et de l'histoire des États-Unis. Bravo aux auteurs pour leur remarquable travail que je vous encourage vivement à découvrir à votre tour.
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