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Critique de blanchenoir


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Je me lance....

"Entre l'homme de foi et l'homme de savoir, peu de différences : les deux se détournent de l'aléa destructeur, reconstituent des instances d'ordre, en appellent à un invariant qu'ils prient ou théorisent - tous deux - hommes d'arrangement et d'unité pour qui l'autre et le même se conjuguent, parlant, écrivant, calculant, éternels conservateurs, conservateurs d'éternité, toujours en quête de quelque constance et prononçant le mot ontologique avec une ferveur assurée."

"Reste l'innommé au nom de quoi nous nous taisons".


Dès le début de ce livre de Blanchot, on sent l'ambiance des Camps de la mort. Pourtant, ce n'est qu'à la moitié de ce livre remarquable que Blanchot nous parle d'Antelme et de son grand livre, L'espèce humaine.

La mort, le désastre, la patience et l'écriture : tout est là. Un là qui n'est pas un "il y a", un là qui ne se donne pas, ni présent ni absent, hors de la pensée dialectique, à côté de la logique.

Blanchot est ici proche de Heidegger et de Lévinas. Ses aphorismes, splendides, nous rappellent parfois Cioran.


L'écriture du désastre demande une lecture lente. L'exigence fragmentaire nous est confiée. A côté du système et de l'étymologie, Blanchot indique, le fragment. La réserve ; une parole neutre, déliée d'un je fondateur. Pas de Je chez Blanchot... le lecteur goûte et se sent apaisé... La lecture de ce livre provoque un dépaysement total. Nous sommes face à une pensée inconnue qui se cherche mais jamais ne se trouve...Blanchot nous fait appréhender la dérive du sens pour un autre langage, langage de l'autre ? Un langage troué par le silence.

Dans L'écriture du désastre, l'écrivain, le critique littéraire et le philosophe sont les multiples narrateurs. Narrateurs d'un désastre qui est aussi celui là même de l'écriture, de la parole.

"Ecrire, certes, c'est renoncer à se tenir par la main ou à s'appeler par noms propres, et en même temps ce n'est pas renoncer, c'est annoncer, accueillant sans le reconnaître l'absent - ou, par les mots en leur absence, être en rapport avec ce dont on ne peut se souvenir, témoin du non-éprouvé, répondant non seulement au vide dans le sujet, mais au sujet comme vide, sa disparition dans l'imminence d'une mort qui a déjà eu lieu hors de tout lieu".

Merci Corinne de m'avoir fait découvrir L'écriture du désastre. Sarah Kofman m'avait interpellée il y a dix ans sur Blanchot dans son livre sublime Paroles suffoquées, c'est le moment pour moi de le lire...

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