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Critique de Delphine-Olympe


Après Un hiver à Paris, que j'avais beaucoup aimé et qui avait été mon premier contact avec Jean-Philippe Blondel, je m'étais promis de revenir à cet auteur. Mais je ne suis pas une lectrice compulsive, plutôt une flâneuse qui aime passer d'un univers à un autre et laisser s'écouler du temps entre deux livres d'un même écrivain.

Pour ce retour, j'avais l'embarras du choix : une petite dizaine d'oeuvres s'offraient à moi. C'est le titre qui m'a guidée. Et rester vivant. Qu'est-ce qui pouvait bien se cacher derrière ces mots ? Quelle urgence ? Quelle histoire ? Quel drame ? Ils affirmaient évidemment une dimension vitale qui m'a intriguée.
L'histoire présente un caractère tout aussi dramatique que celle qui faisait l'objet d'Un hiver à Paris. Mais c'est surtout dans la forme que les deux récits offrent une certaine analogie, dans la mesure où le narrateur revient, bien longtemps après qu'il fût survenu, sur un événement douloureux pour tenter de sonder l'empreinte qu'il a déposée en lui et d'en mesurer le retentissement sur sa propre existence.

Un homme se remémore ses 22 ans. Il vient d'apprendre le décès de son père dans un accident de voiture. On imagine le choc, l'incommensurable chagrin. Pourtant le jeune garçon est incrédule, comme anesthésié : il a déjà perdu sa mère et son frère aîné quatre ans auparavant dans des circonstances absolument similaires, alors que son père était au volant du véhicule.

Avec un tel résumé, on aurait presque envie de reposer le livre. Trop c'est trop, il ne faut pas exagérer. « Parce qu'il y a des limites à la fiction », admet le narrateur dès les toutes premières lignes... Cette histoire est trop invraisemblable pour entrer dans le champ d'un roman.
Mais le livre est bien là. Et il raconte les semaines qui suivirent, le cheminement pour parvenir à rester vivant, retrouver les couleurs de la vie, s'inscrire à nouveau dans un avenir, même s'il n'existe plus pour les êtres disparus.

J'ai retrouvé dans ce texte le ton tout en élégance et en retenue que j'avais aimé chez cet écrivain. Blondel ne dramatise pas, il n'est jamais larmoyant. Il aborde au contraire les événements les plus noirs avec une simplicité et, je dirais, une pudeur qui nous permettent de lire sans que jamais s'installe un malaise. C'est toute la force de son style.

Sans doute fallait-il en passer par l'écriture pour circonscrire la douleur et mettre définitivement les événements à distance. Une écriture en forme de libération, qui est aussi l'affirmation d'une identité et d'un talent.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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