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Critique de Pascalmasi


Curieux petit livre à cheval sur deux mondes car à cheval sur deux époques : la pensée antique des Grecs et des Romains et la pensée qui deviendra la pensée de l'Occident, la théologie chrétienne ; écrite en 525, cette consolation s'inscrit également dans un temps qui marque la charnière entre la fin de l'Antiquité (Le Germain Théodoric est au pouvoir à Rome) et ce que les Européens appelleront, des siècles plus tard, le Moyen-âge. le procédé littéraire est éternel : l'auteur fait parler un homme qui fut grand et célèbre mais qui est condamné à mort. Ce qui incite, naturellement, à toutes les confessions et à tous les examens de conscience. de Platon avec le procès de Socrate, bien-sûr, de Sénèque et ses Lettres à Lucilius, à Georges Bernanos - dans Dialogues des Carmélites - en passant par Victor Hugo avec le Dernier jour d'un condamné, le procédé narratif est une réflexion bien davantage théologique que philosophique. Dans la forme, Boèce innove doublement :
• il s'agit d'un dialogue entre le condamné et une femme - qui n'est autre que Philosophia - ce qui permettra d'aborder avec deux angles différents toutes les questions qui se posent lorsqu'on est à deux doigts de mourir
• il s'agit aussi d'une alternance de prose et de poèmes ce qui contribue à rendre le récit plus vivant et plus intéressant. Certains poèmes sont beaux.
J'ai aimé l'alternance de texte et de poésie ainsi que les références nombreuses aux Anciens.

Mais globalement, l'argumentation de Philosophia et celle du condamné est construite selon une théologie profondément ancrée dans les impératifs d'une foi non discutable. C'est avant tout un cours de théologie. La question du mal, abordée dans le livre IV, par exemple, est à dormir debout. le livre V est encore pire ! La pensée de Boèce, encore imprégnée de la Grèce, a déjà irrémédiablement basculé du côté de Augustin et de Thomas d'Aquin. On y ressent la présence de l'intolérance d'un Tertullien ou d'un Origène. On est loin, très loin des stoïciens ou de Platon, d'un Longin ou d'un Sénèque et encore plus loin du siècle du Lumières et de sa magnifique invocation de la raison et du libre arbitre. Dommage.
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