AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SFuchs


Ce témoignage et court livre de François Boespflug avait suscité ma curiosité par la thématique qu'il aborde, et je dois dire que je suis allé d'étonnement en étonnement, dans le bon sens du terme, au fil de sa lecture. le style de François Boespflug est claire et limpide, l'articulation et la nuance dans la présentation des idées coulent d'elles-mêmes, comme un écrivain ayant passé une grande partie de sa vie à produire essais, études et présentations de haut niveau dans les domaines de la théologie ou gravitant autour, comme la représentation religieuse ou l'architecture ecclésiastique.
Ce témoignage a de la valeur à plus d'un titre : premièrement aux yeux de l'auteur lui-même, comme on le sent très bien dans ses propos. François Boespflug a certainement fait publier ce témoignage dans l'espoir de susciter un débat qu'il estime urgent au sein de l'Ordre Dominicain et plus généralement de l'institution catholique, en même temps qu'il se désole de n'avoir suscité que gêne ou indifférence auprès des premiers concernés lorsqu'il s'est essayé à la même démarche en interne. le débat oui, le désaccord oui, mais surtout pas l'indifférence !
Deuxièmement, il s'agit d'un témoignage d'utilité pour l'Eglise elle-même, et s'inscrit plus largement dans un débat d'utilité publique sur la place de la religion dans nos sociétés sécularisées. Parmi les questions urgentes à traiter selon François Boespflug : l'obligation de célibat des prêtres, qu'il considère comme historiquement conjoncturel et non théologiquement fondé, et qui induit beaucoup plus d'effets pervers qu'il ne permet de mieux gérer et régler la vie de l'Eglise et de ceux qui ont fait le voeu de s'y engager. On ne développera pas ici tout l'argumentaire de ce gros débat et chantier. Je ne ferai que mentionner mon accord complet sur le sujet avec l'auteur. Parmi les autres questions à traiter dans le soucis d'améliorer l'institution, François Boespflug parle aussi de revoir la position de la femme et son rôle possible au sein de l'Eglise. Sur un plan plus intellectuel ou théologique, qui sont des aspects essentiels dans le choix d'engagement initial de l'auteur dans l'Ordre dominicain, celui-ci déplore une sorte de dérive anti intellectualiste au sein de l'Eglise, une méfiance peut-être inconsciente ou une paresseuse indifférence vis-à-vis du débat théologique, ainsi qu'une tendance à conférer au prêtre le rôle d'accompagnateur permanent des fidèles de la paroisse pour tous leurs petits tracas quotidien, ou pour le dire plus clairement : d'assistante sociale dotée d'un vernis culturel chrétien, disponible à merci pour les fidèles. Ce qui pousse l'idée de sacrifice de la personne jusqu'à un point qui, humainement parlant, peut s'avérer difficile à supporter. de la même façon, je rejoins entièrement l'auteur sur ce point.
François Boespflug a désormais 70 ans, et lorsqu'il nous parle dans son ouvrage des débuts de ses entrées dans l'Ordre en 1965 et de sa sortie en 2015, on est saisi de vertige à l'idée des transformations dont la société française a été l'objet entre ces deux dates. L'auteur donne l'impression d'être entré dans une institution au sein de laquelle le temps s'est en bonne partie suspendu au regard de ces profondes transformations de la société française. Cela m'a frappé à la lecture de l'ouvrage, même si, comme l'auteur le note, les Dominicains ne sont pas tous imperméables à l'air du temps, en bien ou en mal.
Au final, ce témoignage de François Boespflug est remarquable et passionnant, je le recommande vivement pour sa qualité d'écriture, son intérêt indéniable, et la valeur humaine et personnelle que l'auteur a eu le soucis de mettre dedans, et qui transparaît clairement entre les lignes.
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}