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Critique de Luniver


Célio vit à Kinshasa. de son père, mort durant une guerre civile, il n'a gardé qu'un manuel de mathématiques, qu'il a étudié religieusement et appliqué dans tous les aspects de sa vie. Les théorèmes de Pythagore, de Thalès, sont devenus dans son esprit autant de lois régissant la vie quotidienne de ses concitoyens.

Apprécié dans son quartier malgré, ou grâce à son originalité, Célio viendra frapper dans l'oeil du directeur de la propagande du gouvernement, qui le prend sous son aile. Célio désormais utilisera ses principes de géométrie pour faire tomber des têtes gênantes, organiser des complots internationaux ou orienter les résultats des élections dans le bon sens. Et si le directeur fronce d'abord les sourcils en entendant son nouveau protégé déblatérer sur les principes de physique quantique, il doit bien le reconnaître, les résultats qu'il obtient sont au-delà de ses espérances.

Si l'humour est omniprésent dans le récit, il est souvent acerbe et grinçant. le peuple congolais mange un jour sur deux, et on loue sa capacité de résistance. Les leaders d'opposition sont souvent des connaissances du président en place, qui les rémunère régulièrement pour entretenir l'illusion d'un véritable débat démocratique. Les manifestants sont des personnes affamées payées pour faire un peu de bruit, quelle que soit la cause à défendre. L'entièreté du monde politique apparaît ainsi comme un immense jeu de dupe, ou une sinistre farce.

Le roman s'achève toutefois sur une note d'espoir, avec l'idée que ces dictatures post-coloniales ne sont que des anachronismes qui ne peuvent pas perdurer encore bien longtemps. Malheureusement, je n'ai pas l'impression que cette idée revienne dans les livres suivants de l'auteur…

J'ai découvert l'auteur cet été, et j'ai retrouvé le même plaisir à lire ce roman. le livre est assez percutant, et tout le monde en prend pour son grade. Les vérités brutes sont enrobées d'une touche d'humour qui permet de faire passer la pilule et de continuer la lecture dans la bonne humeur, au lieu de sombrer dans le désespoir. Car si les protagonistes mène une vie dure, ils gardent toute leur dignité.
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