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Critique de lemurmuredesameslivres


J'apprécie particulièrement les opérations Masse Critique de Babelio, qui sont pour moi l'occasion de découvrir des maisons d'édition ou de nouvelles plumes. J'ai été immédiatement attirée par le titre et la couverture de ce livre. Jacques Boireau est un auteur que je ne connaissais pas, cela étant, la quatrième de couverture le mentionnait comme "spécialiste des uchronies douce-amères", ce qui a fortement résonné en moi. J'apprécie beaucoup les oeuvres de sf en général, les uchronies et dystopies en particulier, même si finalement je m'y intéresse davantage en cinéma qu'en littérature.

J'ai pris plaisir à lire la préface, dont les informations m'ont été fortement utiles pour saisir le contexte et les histoires de cet ouvrage. Sans quoi, j'aurais peut-être été un petit peu perdue. Ce livre se compose de trois cycles, "Chroniques sarrasines", "La baie des espérances" et "La magie des îles". Je les ai tous aimés. Certains personnages sont mentionnés plusieurs fois à travers les différentes nouvelles, mais d'un autre point de vue ou à une autre période. Parfois même, par une simple évocation, l'auteur rappelle à nos souvenirs un autre de ses cycles. Ainsi, nous retrouvons par exemple l'ombre de la Francie dans Quelques pas en arrière entre Styx et Achéron. Bien que ces textes aient été écrits à des périodes différentes, j'ai vraiment eu l'impression qu'ils étaient liés entre eux, comme faisant partie d'une oeuvre riche et complexe.

Le cycle des "chroniques sarrasines" nous plonge dans une uchronie où la France est divisée en deux, depuis que les Arabes ont gagné la bataille de Poitiers au VIIIe siècle. La Francie chrétienne au nord de la Loire, est présentée comme assez rétrograde, dans sa mentalité comme dans ses évolutions techniques, alors que l'Occitanie au sud, majoritairement arabe, montre davantage de tolérance et de conscience écologique. Une dualité que l'on retrouve souvent, comme dans la première nouvelle, Les enfants d'Ibn Khaldoûn. Les nouvelles suivantes m'ont paru un peu plus sombres et le ton plus pessimiste, puisque L'été est suivi de L'automne, puis de L'hiver... et de L'hiver toujours.

Néanmoins, j'ai adoré plonger dans ces petites histoires, ces souvenirs, et suivre certains personnages à travers les saisons, tels que Nour Eddine, Sélim et Martial. Nour Eddine m'a touchée par son attachement profond à son frère Djamal, son admiration même, au point de le citer régulièrement, lui le poète et physicien, l'inventeur d'un monde meilleur. « c'est grâce au soleil et à lui que la maison des tiens est chauffée, que ton tapis volant se déplace sans bruit ni fumée ». Une référence qui rappelle aussi la forte thématique écologique de tous ces récits, où l'Homme a choisi d'emprunter la voie des énergies renouvelables (« solaire, marine, éolienne et géothermique »).

Les deux autres cycles, "La baie des espérances" et " La magie des îles", m'ont profondément marquée par la mélancolie qui s'en dégage. Ce sont des textes à la dimension plus "futuriste" mais terriblement ancrés dans notre réalité, l'auteur abordant des sujets tels que la condition de la femme, les conflits sociaux ou les luttes ouvrières. Les Hommes ont colonisé d'autres planètes, d'autres galaxies même, mais la Terre est souvent évoquée, souvenir lointain d'une terre perdue. Cette ambiance particulière m'a rappelé ce que j'avais pu ressentir en lisant La mer de la tranquillité d'Emily Saint-John Mandel. Certains passages sont particulièrement poétiques : « certes, j'avais retrouvé là-bas le vent, les nuages, le soleil, et l'océan, je voyais, si je puis dire, cette mélodie qui me hantait, la mélancolie de ce lieu loin de tout qui n'était qu'un point minuscule sur la page de l'univers, un lieu sans âge où le temps semblait s'être arrêté ». Cela étant, le style de l'auteur n'est pas toujours simple à appréhender, les phrases sont très longues, comme si les protagonistes s'égaraient dans le flux de leurs pensées. Pour ma part, j'aime ce procédé, qui me permet de m'immerger pleinement dans l'âme des personnages et dans l'atmosphère autour.

Cet ouvrage a été pour moi une belle découverte et une incursion réussie dans l'univers de cet auteur. Je suis juste un peu étonnée du choix du titre, qui finalement ne reflète qu'une partie du contenu. Plusieurs jours après la fin de ma lecture, je suis encore imprégnée des émotions ressenties, de cette poésie et de cette « mélancolie douce, celle des saisons finissantes ou des enfances révolues. ».

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Caroline - le murmure des âmes livres
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