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EAN : 9782361838928
352 pages
Les Moutons Electriques (14/02/2024)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Jacques Boireau (1946-2011) fut un secret bien gardé des littératures françaises de l'imaginaire. Révélé en 1976 dans la revue Univers, il poursuivit une discrète carrière de nouvelliste, seulement reconnue en 1980 par un prix Rosny aîné. Il est grand temps d'enfin découvrir cette forte plume, spécialiste des uchronies douce-amères.

Dans un monde où les Arabes ont colonisé la France dès le VIIe siècle, Les Chroniques sarrasines s'impose comme un roman... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'apprécie particulièrement les opérations Masse Critique de Babelio, qui sont pour moi l'occasion de découvrir des maisons d'édition ou de nouvelles plumes. J'ai été immédiatement attirée par le titre et la couverture de ce livre. Jacques Boireau est un auteur que je ne connaissais pas, cela étant, la quatrième de couverture le mentionnait comme "spécialiste des uchronies douce-amères", ce qui a fortement résonné en moi. J'apprécie beaucoup les oeuvres de sf en général, les uchronies et dystopies en particulier, même si finalement je m'y intéresse davantage en cinéma qu'en littérature.

J'ai pris plaisir à lire la préface, dont les informations m'ont été fortement utiles pour saisir le contexte et les histoires de cet ouvrage. Sans quoi, j'aurais peut-être été un petit peu perdue. Ce livre se compose de trois cycles, "Chroniques sarrasines", "La baie des espérances" et "La magie des îles". Je les ai tous aimés. Certains personnages sont mentionnés plusieurs fois à travers les différentes nouvelles, mais d'un autre point de vue ou à une autre période. Parfois même, par une simple évocation, l'auteur rappelle à nos souvenirs un autre de ses cycles. Ainsi, nous retrouvons par exemple l'ombre de la Francie dans Quelques pas en arrière entre Styx et Achéron. Bien que ces textes aient été écrits à des périodes différentes, j'ai vraiment eu l'impression qu'ils étaient liés entre eux, comme faisant partie d'une oeuvre riche et complexe.

Le cycle des "chroniques sarrasines" nous plonge dans une uchronie où la France est divisée en deux, depuis que les Arabes ont gagné la bataille de Poitiers au VIIIe siècle. La Francie chrétienne au nord de la Loire, est présentée comme assez rétrograde, dans sa mentalité comme dans ses évolutions techniques, alors que l'Occitanie au sud, majoritairement arabe, montre davantage de tolérance et de conscience écologique. Une dualité que l'on retrouve souvent, comme dans la première nouvelle, Les enfants d'Ibn Khaldoûn. Les nouvelles suivantes m'ont paru un peu plus sombres et le ton plus pessimiste, puisque L'été est suivi de L'automne, puis de L'hiver... et de L'hiver toujours.

Néanmoins, j'ai adoré plonger dans ces petites histoires, ces souvenirs, et suivre certains personnages à travers les saisons, tels que Nour Eddine, Sélim et Martial. Nour Eddine m'a touchée par son attachement profond à son frère Djamal, son admiration même, au point de le citer régulièrement, lui le poète et physicien, l'inventeur d'un monde meilleur. « c'est grâce au soleil et à lui que la maison des tiens est chauffée, que ton tapis volant se déplace sans bruit ni fumée ». Une référence qui rappelle aussi la forte thématique écologique de tous ces récits, où l'Homme a choisi d'emprunter la voie des énergies renouvelables (« solaire, marine, éolienne et géothermique »).

Les deux autres cycles, "La baie des espérances" et " La magie des îles", m'ont profondément marquée par la mélancolie qui s'en dégage. Ce sont des textes à la dimension plus "futuriste" mais terriblement ancrés dans notre réalité, l'auteur abordant des sujets tels que la condition de la femme, les conflits sociaux ou les luttes ouvrières. Les Hommes ont colonisé d'autres planètes, d'autres galaxies même, mais la Terre est souvent évoquée, souvenir lointain d'une terre perdue. Cette ambiance particulière m'a rappelé ce que j'avais pu ressentir en lisant La mer de la tranquillité d'Emily Saint-John Mandel. Certains passages sont particulièrement poétiques : « certes, j'avais retrouvé là-bas le vent, les nuages, le soleil, et l'océan, je voyais, si je puis dire, cette mélodie qui me hantait, la mélancolie de ce lieu loin de tout qui n'était qu'un point minuscule sur la page de l'univers, un lieu sans âge où le temps semblait s'être arrêté ». Cela étant, le style de l'auteur n'est pas toujours simple à appréhender, les phrases sont très longues, comme si les protagonistes s'égaraient dans le flux de leurs pensées. Pour ma part, j'aime ce procédé, qui me permet de m'immerger pleinement dans l'âme des personnages et dans l'atmosphère autour.

Cet ouvrage a été pour moi une belle découverte et une incursion réussie dans l'univers de cet auteur. Je suis juste un peu étonnée du choix du titre, qui finalement ne reflète qu'une partie du contenu. Plusieurs jours après la fin de ma lecture, je suis encore imprégnée des émotions ressenties, de cette poésie et de cette « mélancolie douce, celle des saisons finissantes ou des enfances révolues. ».

Chronique sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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Jacques Boireau est un auteur méconnu, s'il on en croit l'interessante préface, qui a écrit au fil de sa vie plusieurs nouvelles dystopiques. Elles ont néanmoins traversé les années et éveillé l'envie de les réunir sous cette forme de recueil bien que la plupart n'ont pas de lien entre elles, en dehors de la partie "chroniques sarrasines" qui relate une France ucronique occupée par les musulmans au sud tandis que le nord chretien est pauvre et miséreux, ainsi que la partie "magie des iles" qui est plus futuriste et qui donne des moments de vie de la planète Angra.

Les masses critiques ont cela de bien, parfois elles nous bousculent dans nos habitudes de lecture. Une couverture lumineuse et moderne suffit à valider un choix qui n'en aurait certainement pas été un fans un magasin. Habituellement je n'aime pas trop les nouvelles. Je retrouve dans ce recueil ce qui me deplait dans cette forme : des histoires trop courtes pour nous immerger dans un univers, une frustration de ne pas en savoir plus.
Surtout que la plume de Boireau est agréable. Il y a une véritable poésie, une façon de décrire les choses qui nous plonge instantanément dans ce qu'il imagine. Souvent c'est teinté de nostalgie, d'amertume voire de défaitisme. C'est au final souvent triste et sombre. le terme "uchronies douces amères " de la 4e de couverture me paraît parfaitement adaptée.
Mais dès les premiers paragraphes, on est intéressé par l'univers proposé, on ressent de la sympathique pour le personnage de ce moment de vie qui tient sur quelques pages. Et à chaque fin de nouvelle la même frustration. Trop court. Que devient le héros ? Comment évolue son monde ? J'en veux plus mais je n'aurai que cette photographie, ce bref instant dont je devrais me contenter avant de passer à une autre.
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Une écriture ciselée, délicate, au service de récits mélancoliques et évocateurs.

Jacques Boireau, écrivain français plutôt confidentiel qui nous a quittés en 2011, se révèle au travers de ces nouvelles un créateur de mondes qui apparaissent en filigrane dans des récits toujours à hauteur d'homme, des sortes de tranches de vies, souvent intimistes, et qui laissent imaginer plus qu'elles ne disent.

J'ai eu la sensation que chacune de ces nouvelles, regroupées en trois cycles, serait comme une photo dans une exposition, un instantané sur une histoire dont il nous appartient d'imaginer le contexte, de la compléter. L'intérêt est souvent plus dans la qualité esthétique que dans l'histoire proprement dite, même si l'ensemble finit par tracer le portrait doux-amer, crépusculaire d'une civilisation plutôt finissante.

J'ai eu une petite préférence pour le troisième ensemble de nouvelles, baptisé La magie des îles, pour la beauté de ses images et cette intense mélancolie, mélancolie mais jamais tristesse, qui ressort de ces pages. Les deux autres cycles sont toutefois également de grande qualité.

On notera en complément une véritable bibliographie très complète, bien loin des traditionnels et frustrants "du même auteur". Par sa présentation et son sérieux, elle m'a rappelé celles d'Alain Sprauel même si ici elle a été -- patiemment, on l'imagine -- rassemblée par Richard Comballot.

Au final, une oeuvre bien utile pour un auteur qui méritait largement d'être sorti de l'ombre.
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Que dire de cette lecture ? Peu adepte du genre SF de manière générale, je ne suis pas contre l'idée d'explorer ce champ littéraire par des chemins détournés, et par le biais d'auteurs plus discrets, comme Jacques Boireau que je découvre ici. La première nouvelle part d'une uchronie, qui est en littérature une manière de modifier l'issue d'un fait historique. Nous sommes ici dans une France coupée en deux, avec au nord de la Loire, la Francie, occupée par des français dits « de souche » vivant à l'état misérable, et au sud, l'Occitanie, plus prospère, que les arabes occupent. Charles Martel n'a donc pas arrêté les arabes à Poitiers, et là est l'uchronie. C'est assez drôle, parfois poétique, souvent sarcastique, mais beaucoup plus réaliste lorsqu'il décrit les tensions communautaires, la précarité et le racisme ambiant.
Les autres nouvelles soulèvent aussi des thématiques très actuelles, comme l'environnement, les transformations topographiques liées à l'activité humaine, au détriment de la nature et aussi des emplois (l'une des nouvelles que j'ai apprécié a pour cadre la construction d'un barrage et ses conséquences pour les employés d'une usine). Jacques Boireau raconte aussi des légendes célébrant la Terre et la nature. Ce fut une lecture intéressante, un peu longue à mon goût pour une première approche de l'auteur, peut-être que ses romans seront plus accessibles pour la profane que je suis.
Je remercie Babelio et les éditions Les moutons électriques de m'avoir permis de découvrir cet auteur singulier, dont je salue ici l'imagination foisonnante.
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critiques presse (1)
Syfantasy
28 février 2024
Les amateurs de fiction y trouveront un univers diablement original, des planètes insolites et des cultures étranges, tandis que les lecteurs engagés y verront une ode à la nature, à l’acceptation d’autrui et à la lutte contre l’oppression.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le vent, c’est une énergie propre, ce n’est pas moi qui l’ai dit. C’est vous. Mais pour produire suffisamment d’électricité, il faut beaucoup de tours, et pas d’obstacles. Alors, s’il vous plaît, répondez à une seule question : “Pour qu’un hectare de forêt reste en place, êtes-vous prêt à vous passer, disons… de votre congélateur ?”
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C’est une planète que nous
qui, nous ? L’Éole ?
que nous sommes en train de coloniser et que nous jugeons d’un grand avenir à long terme : Angra. Elle a été baptisée ainsi par les premiers découvreurs parce que c’est une planète océan. Vingt grandes îles tout au plus, et un océan immense, unique. C’est comme les Açores, mais au superlatif. D’où le nom, Angra. C’est très beau, paraît-il. Très isolé aussi, je ne dois pas vous le cacher.
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Djamal n’aimait pas la Francie, et cependant cet univers gris et lourd le fascinait. Eh oui, nous avons façonné notre monde à notre image, avec du blanc, des couleurs vives, du soleil, des eaux courantes, car nous aimons les eaux, le soleil, les couleurs vives et le blanc ; les Franciens, eux, aiment la grisaille, la brique patinée, la brume et les eaux dormantes où glissent avec lenteur de lourds chalands.
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