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Critique de fanfanouche24


De très abondants remerciements aux éditions Belfond ainsi qu'à Babelio, pour la réception de ce tout dernier livre d'Ariane Bois [parution ce 14 janvier 2021]…texte reçu le 21 décembre, comme un vrai cadeau de Noël !!!


Un très, très beau coup de coeur, en compagnie de trois personnages, pleins de vie et de jeunesse, Arabella Cox, Jeremy, et Kid…se trouvant au même endroit le 13 septembre 1916, dans le Tennessee, lors d'un horrible évènement : la pendaison de Mary, une éléphante ayant écrasé et tué un homme, le Kornak de remplacement, l'ayant « maltraitée…Spectacle de mort atroce d'un animal ayant bouleversé , chaque personnage. Arabella et Jeremy essaieront d'empêcher, sans succès, sa mort !


Jolie surprise trouvée dans ma boite aux lettres, accompagnée d'un gentil courrier de la maison d'édition, m'en souhaitant une « Bonne lecture » !!
Ce qui fut grandement le cas , car j'ai adoré ce roman , suivre les trois personnages aux personnalités vives et attachantes .

Arabella, la Rebelle, passionnée par les animaux et plus exclusivement, par les éléphants, insoumise chronique, petit canard boiteux d'une famille régenté par un « pater familias » adventiste, homme conservateur et rigide à l'extrême…, kid, petit gamin noir, ayant bousculé par inadvertance une femme blanche, est accusé de vol, il doit se sauver pour éviter d'être lynché, et Jeremy, garçon aussi insoumis, d'une famille riche, qui ne rêve que d'une chose : partir du cercle familial et devenir un grand journaliste ! le récit va se dérouler avec le récit alternatif des aventures et mésaventures de nos trois « amis »….

La première partie nous offre le récit alternatif , séparé des vies de chacun, la seconde partie, se poursuivra globalement, réunissant nos trois amis ; ces derniers, ayant fini par se trouver « réunis » en France, à Paris, fêtant la fin de la grande Guerre…. Car chacun aura vécu cruellement dans son corps et son mental, les horreurs de la guerre : Jeremy, reporter de guerre tout en étant un combattant sur les champs de bataille, kid, soldat lui aussi, et musicien de talent, il réconfortera ses congénères et enfin, Arabella ayant suivi une formation d'infirmière, partira en France soigner les innombrables blessés…Ils se retrouveront dans un Paris libéré, dans l'effervescence, les folles nuits de l'après-guerre, l'apparition du jazz, des artistes noirs devenant « la coqueluche » des français…la vie artistique, littéraire de différents quartiers, dont celui, très foisonnant toujours de Montparnasse ! Nous retrouvons les grandes figures intellectuelles et artistiques de l'époque…

Je retiens une phrase essentielle, apposée sur le 4e de couverture : « Il n'y a pas d'hommes libres sans animaux libres « Un hymne absolu à la Nature, aux animaux et aux êtres vivants !

Passionnée depuis toujours par les éléphants, le plaisir de cette narration a été d'autant démultiplié [ vous vous en rendrez aisément compte, au vu des nombreuses citations retenues ] !

« Puis elle avait découvert les éléphants, leurs barrissements caverneux, et s'était prise de passion pour ces créatures quasi mythologiques, ces statues de chair granitiques, avec leurs oreilles en draps de velours, leurs dagues d'ivoire plantées dans leur peau parcheminée, leurs trompes puissantes qui se dressaient et semblaient peindre des fresques invisibles dans les airs. Les éléphants nous ressemblaient tellement, contrairement à ce que l'on pouvait croire ! Joyeux ou tristes, attentifs à leur progéniture et à leurs congénères, intelligents, drôles, effrayants parfois, sans parler de leur mémoire biographique, ils n'avaient rien à nous envier. (p. 21)

De nombreux thèmes vivent dans un même temps de narration : L'histoire de l'Amérique et de la France avant, pendant et juste après la première guerre mondiale, le racisme exacerbé contre les Noirs aux Etats-Unis, Paris, refuge des exilés et des artistes, l'Amour des Animaux, la connaissance des éléphants…

« Silencieuse, Arabella songe aux éléphants, à leur prééminence dans l'ordre des espèces. Ils foulaient la surface de la Terre bien avant les hommes. Pourquoi leur confisquer la beauté du monde ? Elle ne peut attendre qu'un jour l'humanité entende la voix du coeur. D'ailleurs, à voir le public de plus en plus nombreux se presser dans les cirques et les zoos, elle n'en prend pas le chemin. Son caractère entier ne s'accommode pas de ce statut quo. Comme toujours de son point de vue, il faut agir. » (p. 160)

J'ai adoré ce roman… nous proposant une fiction riche en personnages, mais aussi d'abondantes thématiques historiques et individuelles…Le fil conducteur de cette narration très attachante reste l'amour des animaux et plus exclusivement des éléphants, d'autres thèmes, également primordiaux se croisent, s'entremêlent : l'horreur de la guerre [ avec nos 3 « héros » américains ayant subi, vécu la Grande guerre], les ségrégations quelle qu'elles soient : raciales, sexistes , le respect et la bienveillance envers les animaux, ayant aussi souffert et subi la guerre, aidant les soldats, des passages plus légers , insouciants de la vie parisienne dans les années 20… et la vie, l'installation en Afrique , au Kenya, pour sauver une éléphante…
Un livre brillant, vivant, regorgeant de joie de vivre, d'engagements humanitaires et intellectuels…Je ne peux résister au plaisir de rajouter un dernier extrait sur les éléphants :
« - Sais-tu qu'eux aussi font le deuil de ceux qu'ils aiment ? Ils veillent le corps de l'animal mort, le caressent longuement de leur trompe, manifestent tous les signes du chagrin. Et si ses os sont éparpillés, ils les rassemblent avant de creuser une sépulture.
- Incroyable. Les hommes n'ont pas le monopole des rites funéraires.
Désormais passionné par le sujet, Kid a composé une chanson sur les animaux brisant les chaînes de leur esclavage, à la manière d'une fable De La Fontaine. Arabella regrette de ne pas avoir suivi d'études scientifiques pour s'occuper des éléphants, les soigner. Comme ils lui manquent, elle les dessine. (p. 171)”

Un texte infiniment apprécié dont j'ai ralenti sa lecture pour ne pas quitter trop vite le trio d'amis, devenu inséparable… : la très belle, Arabella, la “Mamma des éléphants” courageuse et intelligente, compagne passionnée ; Jeremy, l'amoureux d'Arabella, jeune journaliste brillant, resté traumatisé , en mal-être, à cause des séquelles des horreurs de la guerre, et, enfin, kid, l'ami idéal ,indéfectible de ce trio, jeune noir, survivant dans son propre pays, à la haine raciale, engagé comme Jeremy dans la guerre, musicien autodidacte brillant, devenant « la coqueluche » tant à Paris, qu'en Afrique, où il va enfin retrouver la terre de ses aïeux, et sa raison d'être et de se battre : enseigner aux petits enfants déshérités, tant la lecture que la musique…
Tout, en finalement, après moult aventures de notre trio, et un drame brutal, s'engager à fond avec sa chère Arabella, dans la création d'un orphelinat pour les Eléphants…. Trois amis, idéalistes…qui se battront pour leurs rêves et leurs convictions… Je n'en dévoile pas plus… C'est déjà trop !!!

Le deuxième livre que je lis de cette auteure, avec enthousiasme, dont « L'Ile aux enfants », que j'avais achevé avec émotion, peu de temps avant cette dernière publication. Je vais poursuivre ma lecture d'Ariane Bois, admirative et curieuse de la variété des sujets qu'elle aborde…

Je renouvelle ma reconnaissance et mes remerciements pour cette très belle lecture, qui me restera durablement en mémoire ! Un livre dont j'ai envie de parler autour de moi et d'offrir !..
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