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Critique de Flo_herisson


Isabelle, 48 ans, mère de deux filles et épouse comblée arrive à Taipei en tant que « conjoint suiveur » ou plutôt « conne jointe » comme elle se plaît à dire. « L'expatriation, ce jardin d'Eden ou la femme exhibe le kiki de son mari derrière une bonne grosse feuille de paye ». C'est sa troisième destination mais déjà elle n'en peut plus de ce microcosme d'expat, de ces mères parfaites, ces « Blandine de la chatte », ces « Ludivine de la prostate » qui passent leur temps à vanter les avantages comparés des lycées français à travers le monde ou qui meublent la vacuité de leurs journées entre cours de yoga et organisation de soirées où règne l'entre soi. Et puis Taipei ! A t-on idée d'aller à Taipei ! « Une île avec des tremblements de terre, des Tifa, la peine de mort, et même pas reconnu par la France ». Mais alors que son aménagement s'achève et que peu à peu elle se coule dans un quotidien oisif qu'elle occupe avec un atelier d'ecriture, Elle doit retourner en France au chevet de sa mère. L'occasion d'un autre voyage, tourné vers l'enfance, vers ses racines, voyage non moins remuant pour cette mère de famille déjantée et attachante.
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Ce livre est une pépite ! À la fois drôle et tendre, grinçant et touchant, piquant et grave. Un roman que j'ai adoré et qui m'a fait autant rire que réfléchir. Un roman en deux temps où la plume d'Isabelle Boissard m'a conquise. D'un humour décapant, elle dézingue à tout-va les snobismes de classe et elle égratigne avec un sens de la formule percutant tous les travers de notre époque. Elle manie la dérision et le sarcasme avec brio et certains passages sont jubilatoires, tels l'annonce de décès sur les réseaux sociaux ou la séance chez le coiffeur, non pardon chez « l'Art Director ». Mais sa force c'est qu'elle est tout aussi juste sur l'autre versant du livre, plus tard plus nostalgique, lorsque l'héroïne replonge dans son enfance. Une enfance heureuse en dépit du décès prématuré de son père, mais surtout une enfance marquée par la honte de classe et le déni de tristesse, des éléments fondateurs de la personnalité faussement cynique qu'elle est devenue. Il y a des pages très belles sur la vieillesse, et sa réflexion sur ce que l'on transmet à ses enfants m'a beaucoup marquée. Mais dans cette partie non plus la dérision et le second degré ne sont jamais loin, comme pour contrebalancer la gravité du propos. J'ai relevé des dizaines de phrases, souligné des tas de passage mais je vous laisse les découvrir dans ce très beau premier roman. Impatiente de découvrir d'autres titres de cette auteur. Savoureux et jubilatoire. Foncez!.
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