AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Saiwhisper


Hum… Je me doute qu'avec une couverture pareille, vous devez vous demander comment cet ouvrage est arrivé entre mes mains… En fait, j'ai entendu parler de la saga « Les contes interdits » grâce à la participation d'Yvan Godbout dont la plume m'avait bien plu à travers sa série « Les yeux jaunes ». Hélas, son livre ne semble pas encore être disponible auprès de ma libraire favorite. Chaque tome des contes interdits est écrit par un auteur différent qui reprend un conte classique en version gore. Quelques blogs auxquels je suis abonnée, comme celui de Frogzine, disaient beaucoup de bien sur ces ouvrages terrifiants… Or, adorant les contes revisités ainsi que le genre horreur, j'ai tenté cette lecture. Finalement, je ressors assez partagée par le récit de ces trois petits cochons qui ont sont loin de m'avoir laissé indifférente !

Ce roman, construit à eux voix, tourne autour d'une sinistre affaire morbide. Environ un chapitre sur deux, on va suivre les péripéties de Peter, un tueur à gages, qui a appris le décès de sa soeur. Même s'ils étaient perdus de vue pendant leur jeunesse, il ne croit pas au fait que sa cadette soit morte d'une overdose. Il décide alors d'enquêter sur elle, non sans laisser libre cours à sa libido avec les rencontres qu'il va faire… D'ailleurs, cela m'a étonnée : il semblerait que la mort d'un proche ne l'empêche pas de copuler à foison avec Laurence, la secrétaire de la morgue… Certes, il est touché par cette affaire et veut se venger néanmoins, il ne paraît apparemment pas être perturbé pas sur le plan physique… La narration oscille également du côté d'Alicia, la soeur de Peter, qui va nous permettre de découvrir son quotidien post-mortem. Grâce à ce changement de point de vue, le lecteur est libre de faire sa propre enquête. Cette alternance entre le présent et le passé dynamise vraiment le récit ! Ainsi, la tension monte crescendo, stresse le lecteur et l'engloutit jusqu'au summum de l'horreur humaine.

De l'horreur, il y en a à foison ! D'ailleurs, la maison d'édition Ada a estampillé chaque volume de la mention « Pour public averti »… Et heureusement car, même si la quatrième de couverture annonce déjà la couleur, c'est très important de le répéter ! On est sur du trash, du gore et du hard… Côté sexe, on va complètement dans la pornographie, du BDSM, du voyeurisme, des délires lubriques osés voire, à un moment, de la nécrophilie ! Quelle horreur !… Ajoutons à cela la thématique du cannibalisme, de la torture ainsi que de la violence à outrance et vous aurez un bref aperçu du contenu de ce roman. En raison de ce côté cru, sombre et vicieux, je déconseille clairement ce livre aux personnes non-majeures ou à ceux qui ont l'âme sensible… L'auteur a une vision vraiment très pessimiste de l'être humain et plus particulièrement de l'Homme. Ses réflexions et les dialogues apportés par Alicia et sa voisine de pallier Juliette font froid dans le dos. Même si certaines choses sonnent vrai, on espère qu'il y a encore de l'espoir dans ce monde et on espère surtout que tous les gens ne sont pas tous comme ses personnages !

Comme le reste de la saga, cet ouvrage vraiment noir est rédigé par un auteur québécois. de ce fait, l'action se passe au Québec. Christian Boivin utilise énormément d'expressions de sa province ainsi que de l'anglais au beau milieu d'une phrase. C'est parfois déstabilisant et il faudra peut-être un temps d'adaptation pour certains lecteurs… Et c'est là où je me dis qu'heureusement, je connais certains mots spécifiques au Québec grâce à mon amie Siabelle ! Par exemple, grâce à elle, j'ai découvert il y a quelques mois qu'une camisole correspondait à un débardeur chez nous et que ce n'était pas une camisole de force ! Or, on retrouve le mot camisole une dizaine de fois dans l'ouvrage… Mais le mot qui m'a le plus marqué est « Hostie » ! Ce fut une découverte pour moi. J'avais deviné que c'était un juron comme « tabarnak » ou « câlisse » (qui apparaissent aussi dans le texte) toutefois, il m'a fallu pousser mes recherches grâce à internet pour comprendre quand il est utilisé, car j'avais l'impression qu'on le plaçait à toutes les sauces… Ainsi, même si ce vocabulaire et l'emploi de l'anglais est surprenant lorsque l'on est français, cela assure au moins un dépaysement garanti.

On ne peut pas dire qu'il s'agisse d'une adaptation fidèle du conte des trois petits cochons. Comme vous l'avez compris, il n'y a pas de porcelets devant construire leur maison avant l'arrivée du loup… Par contre, il y a bien trois cochons et des allusions lupines. J'ai été étonnée de devoir attendre le dernier quart du livre pour comprendre jusqu'où allait l'idée des trois porcs… Mais je n'ai pas été déçue, car la fin est incroyable, sombre et étonnante. Ainsi, on est plutôt une version contemporaine et vulgaire du conte classique présentant trois petits cochons n'ayant en commun avec ceux que l'on connaît… J'ai été surprise à plusieurs reprises avec ce récit aux allures de polar glauque. Certains passages, servant davantage à donner une ambiance salace et violent au roman plutôt que faire avancer le scénario, m'ont vraiment mis mal à l'aise. J'ai eu envie d'interrompre ma lecture ou de sauter quelques passages à plusieurs reprises tant c'était effroyable. L'horreur est bien présente ! Elle ravira ceux qui aiment lorsque le genre se concentre vraiment sur les vices, l'excès, la perversion et le manque d'humanité… Ce fut donc une lecture sombre qui m'a laissée songeuse. Je suis mitigée dans le sens ou je ne sais quoi en penser ou vous dire si j'ai aimé ou non. En tout cas, je ne suis pas restée indifférente et je doute que l'on puisse l'être face à ce que contient cet ouvrage. À vous de voir si la noirceur humaine vous tente…
Lien : https://lespagesquitournent...
Commenter  J’apprécie          215



Ont apprécié cette critique (18)voir plus




{* *}