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Critique de vclayssen


Je n'ai qu'un regret : que ce livre n'ait pas été publié lorsque j'avais 15 ans, et que, littéralement fan du chanteur, je traquais fébrilement toute information le concernant. En même temps, cela m'aurait privée du plaisir de retrouver, dans les pages de François Bon, des pans entiers de mon adolescence. Lorsque les titres de chansons en anglais sonnaient comme de fières devises, comme des points de repères à l'abri des adultes, comme un fléchage vers les chemins de traverse et une façon d'aborder l'existence : "Like a Rolling Stone", "Just Like a Woman" (Tout un programme, pour une fille de 15 ans...).
Au formica orange et au lisse des années 70 s'opposait la rugosité de la voix de Dylan, aux promesses chaque année déçues d'un printemps à nouveau chaud, à l'absence malheureuse de toute plage sous les pavés, le souvenir des protest songs (déjà au programme en anglais...), les éxubérances de "Sara", le violon de "Hurricane" accompagnaient des années pas si drôles, finalement, sur fond de crise du pétrole, de montée du chômage, et de "fini de rêver maintenant...'
Je vous épargnerai (enfin, non) la douze-cordes de mon petit frère et le violon de ma soeur, les reprises à deux voix, l'ahurissement paternel de nous voir apprécier cette voix qui lui vrillait les nerfs, tout comme la pochette de Sticky Fingers des Stones...
François Bon écrit un livre amoureux et curieux, amoureux de musique et de poésie, et curieux de l'artiste et de ce ce qui a fait de Robert Zimmermann un Bob Dylan. Parfois, on croule un peu sous les noms propres, et les petits bouts de bio de tel ou tel musicien de studio m'indiffèrent un peu (elle intéressera les grands amateurs, ceux qui peuvent vous réciter par coeur le nom du bassiste d'un tel à tel festival, la marque de guitare de tel autre sur tel album...) : tout ceci contribue cependant à donner une idée précise du milieu, de l'époque, de la façon dont se fabriquait la musique que des millions de jeunes se sont mis à écouter dans le monde entier.
Le destin de cet homme, comme celui des Beatles, des Stones, est très particulier : bien avant que l'on parle de "people", ils ont accédé à un type de célébrité tout à fait nouveau à l'époque, et ont fait l'objet d'un culte dont le livre de François Bon nous montre à quel point il était difficile à vivre. Continuer de créer, conserver l'énergie qui fait que ce matin là, dans votre esprit va pousser une chanson, cette chanson, et qu'il est indispensable de l'écrire, et qu'il est indispensable de la chanter, c'est cette constance que François Bon, qui nous livre de très belles traductions des intraduisibles chansons de Dylan, nous permet de mesurer.

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