AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de latina


« Dans la vie, rien ne se passe comme on le voudrait, voilà la pure vérité.
On voudrait aimer quelqu'un pour toujours, et il faut se quitter.
On voudrait la paix, et c'est l'émeute.
On voudrait prendre un bateau, et il faut grimper dans un camion.
J'en ai marre des aléas de l'existence. Je vais avoir onze ans bientôt, et je n'ai connu que des départs en catastrophe, des adieux précipités, des déchirements ».

Koumaïl en a marre, mais malgré ça, il continue à jouer, à travailler, à s'attacher. C'est qu'il a Gloria, la femme qui l'a recueilli quand il était bébé, après le Grand Accident de train en 1985. Et Gloria est une battante. C'est pour cela qu'ils ont quitté l'Immeuble dans lequel ils vivaient, dans la Russie du Caucase. Ils se jettent sur les routes comme on se sauve, vers un espoir de liberté et de rires. Car « le plus redoutable des parasites est le désespoir. Ce parasite-là est invisible et il se faufile partout. Si tu ne fais rien, il te grignote l'âme jusqu'à l'os. »
Et cet exil perpétuel, qui va durer des années, apporte son lot de souffrances mais aussi de rencontres scintillantes. Il ne faut jamais désespérer du genre humain, dit Gloria.
Mais le but ultime de cet exode, c'est la France. Gloria lui a certifié que lorsqu'elle l'a recueilli, c'était d'entre les bras d'une femme française, morte dans l'accident de train. Il faut donc, à tout prix, à toutes forces, contre tout obstacle, atteindre cette terre promise, le pays de Charles Baudelaire, de la tour Eiffel et des croissants, mais surtout le pays des droits de l'homme où le réfugié se sent à l'abri...

L'exode ne sera pas uniquement physique, mais il dépassera les frontières de l'enfance. La conscience de Koumaïl alias Blaise connaitra une fulgurante ascension, ce qui provoque comme toujours une remise en question de soi-même et des autres.

Ce roman tendre, à l'apparence naïve de l'enfance où le jeu et la spontanéité dominent, cache de sombres échos de guerre, à l'extérieur mais aussi à l'intérieur des âmes.
« Il y a toujours des combattants, des kalachnikovs, des frontières mouvantes et des réfugiés qui se faufilent comme des courants d'air de vallée en vallée. de temps à autre, il y a un attentat, des enlèvements, des disparitions : c'est le genre d'endroit auquel personne, décidément, ne comprend rien. »
Et pourtant, pour vivre, il faut tenter de comprendre.
Grâce à Anne-Laure Bondoux, les adolescents et les adultes toucheront du doigt cette réalité qu'il est trop facile de qualifier d'incompréhensible.

Commenter  J’apprécie          575



Ont apprécié cette critique (41)voir plus




{* *}