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Citations sur Le lent sourire (17)

Au début, la douleur ne faisait qu'un avec l'étourdissement. La phase aiguë n'est pas immédiate. On est désespéré, oui, mais d'une certaine façon protégé par un état confusionnel. Après, quand la douleur se dépose, c'est pire.
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Tout le monde connaît l'amour, tôt ou tard. L'amitié, peut-être pas. C'est un privilège plus rare. Même si notre amitié à nous n'était pas seulement un privilège. Pas seulement une chance. Nous l'avions conquise sur le terrain : jour après jour, année après année. Personne ne s'attendait à être frappé à ce moment précis. Mais comment est-ce possible ? Nous qui avions vaincu tous les obstacles .
Nous étions tellement désarçonnés. Nous tentions de saisir notre humanité à bras-le-corps, mais nos bras ne bougeaient pas. Nous n'avions même pas l'excuse d'être trop jeunes. Pourtant rien ne semblait suffisant : ni notre maturité, ni notre amitié, ni notre sensibilité. Au pied du mur, il nous fallait peut-être nous confronter avec la vie dans son intégralité. Une intégralité faite de ruptures, parfois violentes.
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Nous étions cependant tous d'accord sur une chose. Au-delà de tout souvenir personnel, toute douleur, toute réaction, la mort de Lisa avait provoqué en nous une fracture. C'était une une ville engloutie, un tremblement de terre, un bombardement. Ce paysage intérieur constituait notre mémoire commune. Voilà ce que notre pluriel était devenu. Un pluriel fissuré
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Clara, la vie est une succession de mondes qui prennent fin.
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Parfois les personnes qui arrivent à rester très unies dans les moments extrêmes finissent par se rejeter mutuellement. Du moins pendant quelques temps. Il n'y a rien à faire : n'importe quel geste, n'importe quel regard, même involontaire, renvoie à la douleur commune, la souligne, la marque au fer rouge.
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Quand on est face à une vraie tragédie, on se sent dans l'obligation de tout relativiser. C'est sans doute une erreur, au fond les futilités constituent l'apanage des vivants. Seulement je ne l'avais pas encore compris.
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Elle aussi avait le sourire lent. J'ai eu une crise de tachycardie, j'étais complètement déstabilisée.Le même sourire, pensais-je. Ce n'était pas possible. Puis j'ai compris. Le sourire lent, c'est le sourire de la fin.
p.186
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Nous étions vivants, avec toutes les limites que cela comporte_mais finalement il est facile de s'en libérer_, avec tous les défauts, les égocentrismes et la générosité des vivants_cependant nous n'étions pas du genre à nous défiler.
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Nous parlions de choses stupides.Des conversations que Lisa,si elle n'avait pas été malade,n'aurait même pas supportées.
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Scarlett n'était pas aussi fascinante qu'elle, mais elle était plus adaptée. Elle semblait faite pour ça, pour être la femme d'un grand artiste et en préserver la mémoire jusqu'à la fin de sa vie. Impeccable, implacable, intouchable, elle et le nom qu'elle épouserait. Il y a des femmes comme ça, qui n'ont aucun talent personnel et qui n'existent qu'à travers celui d'un autre.
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