Annawadi

Un soir de fin novembre, après une journée de ramassage peu productive, Sunil entre la salle de jeux vidéo et regarde deux garçons jouer à Metal Slug 3. Sur l'écran, des guérilleros combattent des flics et des genres de homards mutants dans une ville dévastée par les bombes. Soudain, Sunil entend du vacarme au-dehors. Au bout d'un moment, il réalise qu'il ne s'agit pas d'une altercation entre sniffeurs d'Eraz-ex. Le nez pressé contre la fenêtre de la cahute du propriétaire des jeux vidéos, les gens regardent les informations à la télé. Des terroristes islamistes pakistanais, arrivés par canots pneumatiques, ont débarqué sur une plage de Mumbai et se sont disséminés dans la ville . Ils ont pris d'assauts deux palaces, le Taj et l'Oberoi, et ont massacré des employés et des touristes.

Dans la jungle de l'est du Vidarbha, nombreux sont ceux qui ont cessé de croire aux promesses du gouvernement central. Dépossédés de leurs terres et de leurs moyens de survie séculaires par les programmes de modernisation des grandes entreprises publiques, ils réactivent une guérilla maoïste née quarante ans plus tôt. Armés de fusils, d'explosifs, de lance-roquettes et de bombes de fabrication artisanale, les guérilleros occupent environ un tiers des six cent vingt-sept districts du sous-continent, incluant les régions déshéritées du Centre et de l'Est, formant le fameux Corridor rouge. Cet été là, les combattants naxalites se montrent particulièrement actifs dans l'Etat d'Orissa. Ils coulent un navire transportant des commandos militaires, tuant trente-huit soldats, et font sauter un fourgon de police à bord duquel on décompte vingt et un morts.