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Critique de Pavlik


Challenge Pierre Bordage 2016

Première incursion dans l'univers de Pierre Bordage, à l'occasion de ce challenge, en compagnie des "Guerriers du Silence". Pour un premier roman, c'est tout à fait remarquable. le style est déjà sur, emprunt d'une vrai personnalité. L'univers proposé est riche et m'a vraiment fait penser à celui du jeux de rôle "Fading Suns", une sorte de système politique féodale transposé dans les étoiles, dans lequel le rôle de l'église (ici l'Eglise Kreuzienne) est prépondérant. On se balade sur différentes planètes (principalement Deux Saisons, Point Rouge, Syracusa, Marquinat et Selp Dik) et Pierre Bordage a l'art de leur conférer une vrai personnalité, à l'aide de quelques détails bien sentis. En cela, je retrouve un peu de Stefan Wul en lui...Cet art des descriptions, qui pourra en agacer certains (qu'ils qualifieront sans peine de "longueurs") mais que, personnellement, j'apprécie. Par exemple la planète Deux Saisons qui m'a fait penser à Zarkhass (dans l'esprit) : si cette dernière c'est l'Afrique de l'ouest dans l'espace, Deux Saisons est l'Asie de Sud-Est dans les étoiles.

Bien sur, en ce qui concerne l'histoire, une certaine proximité avec Star Wars est à noter (une poignée de résistants, détenteurs de pouvoirs psychiques, sont en lutte contre un empire maléfique en expansion, empire dirigé par les Siths, pardon, les Scaythes), mais, dans le fond, on s'en fiche pas mal parce que :

-Je les entends les chantres de "l'originalité", mais si l'on devait faire la liste, non seulement de tout ce que "Star Wars" a inspiré, mais également de tout ce qui a inspiré Star Wars", car ces influences bien légitimes nous irritent, alors on cracherait sur beaucoup de choses.

-Finalement, l'originalité, est-ce vraiment l'essentiel ? N'est-ce pas plutôt la vision de l'auteur, et (métaphore musicale) sa façon, toute personnelle, d'utiliser les quatre mêmes accords de base pour pousser la chansonnette, qui priment ?

Quelques petit bémols quand même :

-Les personnages sont vraiment sympathiques mais on peut rester circonspect sur les motivations qui poussent le héros à, ben justement, devenir un héros (sans vouloir trop spoiller il faut voir si l'on croit, au sens large du terme, aux "coups de foudre")

-C'est quand même un pavé de près de 600 pages, inévitablement, il y a quelques longueurs.

-Au niveau du worldbuilding, s'il est clair que les Scaythes sont des extraterrestres, c'est moins évident pour les peuples endogènes des différentes planètes de la Confédération de Naflin : en clair (mais j'ai peut-être loupé quelque chose) on ne sait si ce sont des aliens ou des humains qui ont mutés, au fil des générations.

-Il y a quelques situations improbables qui font un peu sourir, mais je suppose qu'elles sont à mettre sur le compte des erreurs de jeunesse.

J'ai longtemps cru qu'on allait rester dans le registre de la science-fantasy mais finalement, grâce à un chapitre particulièrement réussi sur Terra Mater, Bordage raccroche les wagons de la S-F, en expliquant que nous nous trouvons plus de 5000 ans dans le futur. Pour terminer, et les extraits de textes mythologiques et/ou sacrés présents au début de chaque chapitre nous le montre (d'ailleurs, ils spoillent pas mal, ça peut énerver), la spiritualité est une préoccupation majeure de cette histoire (voir également l'évolution de Tixu, le héros). On sent que, pour l'auteur, ce n'est pas seulement un habillage, mais bien une question importante. S'il la reconnait comme un besoin fondamental de l'homme, il semble nous dire que cette quête ne peut se faire qu'hors des instances religieuses. C'est bien la hiérarchie de l'Eglise qui est la cible de ses critiques (si critiques il y a), ainsi que la grande noblesse de cour (celle de Syracusa, cette planète où 1789 a échoué...)

Au final, une lecture très plaisante, un univers dans lequel on s'immerge avec plaisir, des personnages attachants. L'ensemble pourra paraître un poil manichéen à certains (les méchantes élites, manipulées par les méchants extraterrestres, contre le bon peuple). Personnellement (mais sans doute suis-je un grand naïf) , je me suis régalé.
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