AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 7 notes
5
3 avis
4
3 avis
3
0 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Il y a un moment entre deux genres d'humanités où l'on en arrive à se débattre dans le vide. »
Céline, Voyage au bout de la nuit.
Guy Bordin est ethnologue et réalisateur (huit films avec Renaud de Putter), riche d'un premier roman, prometteur « L'amant fantasmatique), « Vers le monde bleu » est matière ardente, un monde olympien qui tient en haleine. La clé de voûte d'une littérature intrinsèque, comme une maison du monde flottant sur le bleu. L'azur à peine voilé par cette fiction qui navigue entre réalité, songe et quête.
On a l'impression (pour avoir lu le précédent ouvrage) d'un récit écrit face à l'horizon. Crépusculaire, surdoué, on aime de suite la douceur du ton et la maturité d'un style qui hypnotise.
La lenteur est une gageure. Un arrêt sur image, sur ce qui fût réellement du narrateur (double de l'auteur) sa vie et ses périples, ses désirs et ses renaissances.
Guy Bordin délivre un journal à peine romancé. Il y a dans le coeur de ce livre sensible et confident, la fusionnelle impression d'une rencontre rimbaldienne.
Des myriades de saveurs ethnologiques, tremblantes. L'importance de l'autre, l'étrange (er) et les relations amoureuses qui adviennent dans une orée entre les latitudes et les solitudes, les destinées Terre de Feu et les corps sublimés.
Les terres spéculatives, les errances de par le monde. Ce livre est à l'instar d'un parchemin, d'un périple salvateur, une urgence du dire appliquée.
L'initiation d'un homme qui désire résolument voyager. S'approprier le cosmopolite, les fusions des quatre éléments et les mystères des sciences-humaines. le Je du livre est une invitation.
« Mes pensées ont toujours été dirigées vers le sud, je veux dire vers Le Grand Sud, comme d'autres ne jurent que par le Grand Nord. »
La trame est une conférence à ciel ouvert, documentée, altière et apprenante. On est en transmutation. On écoute cette voix douce contée sa vie. Son départ pour saint-Pierre-de-Miquelon, jeune professeur qui profite de l'opportunité d'enseigner au plus près du Sud qu'il vénère. Il va se lier avec Jacques, connivence et attirance. Découvrir l'île, de Mirande jusqu'à la presqu'île du Cap et Grande Miquelon et plus encore.
Ils ont le même désir d'approfondir leurs savoirs, les fondements mêmes des habitus des peuples ancestraux. Ils ressentent le même désir, l'appel de l'autre, l'union charnelle dans cette beauté assumée. C'est en cela aussi que ce livre, ce monde bleu est un voyage des grandes importances. « Les dévastés du vaste monde. »
Retrouver la Tasmanienne et la Béothuk. Entre le triptyque sensuel, pur, trois hommes reliés, siamois et cette trame grandiose, spéculative. L'aurore-boréale d'un renom. le narrateur (l'auteur) décide de partir, quitter son poste, s'envoler dans l'altérité de ses vérités vers le monde bleu.
C'est un livre stupéfiant, charnel, viril, magnétique, et grandiose. L'immensité d'un homme qui délivre une multitude d'univers. Il y a toute la bienveillance pour l'humain. L'essentialisme dans sa sincérité la plus radicale. La sensualité : marée-basse, volcan et libre si libre.
« Vers le monde bleu » est une myriade d'oiseaux migrateurs en plein vol. Une histoire fusionnelle, comme du linge frais claquant au vent. Un homme, et sa vie, et dans cette justesse d'une parole qui chante le monde et l'amour pour son prochain. Publié par les majeures éditions de la Trémie. Prix du roman Gay 2022.
Commenter  J’apprécie          70
Guy Bordin est océanographe, ethnologue, réalisateur, diplômé en langue et culture inuits. Il est aussi écrivain et publie son deuxième roman après L'amant fantasmatique. Vers le monde bleu est un roman assez court, très riche. J'ai personnellement beaucoup appris sur Saint-Pierre et Miquelon et sur Terre-Neuve et ses premiers habitants, les Béothuks. Si j'ai pu me sentir un peu dépassé par les toutes premières pages dans lesquelles l'auteur parle de l'intérêt de son héros pour les terres australes en y citant les différents peuples qui les ont habitées, très vite je suis entré dans le rythme de Guy Bordin et j'y ai puisé une foultitude d'informations et surtout trouvé un réel plaisir de lecture. Instructif sans être pédant, très bien écrit, ce court récit duquel le superflu a été gommé, va au plus court, au plus direct sans omettre de nous décrire les paysages, les lieux visités et les personnes rencontrées. de fait, j'ai eu très envie d'aller partager les périples des deux hommes en ces lieux encore point trop touristiques. Et de me prendre à espérer qu'ils trouvent les objets de leur quête

C'est aussi un roman d'initiation amoureuse. le jeune enseignant se sait homosexuel mais n'a pas encore osé vivre une histoire avec un autre homme. Les années 1990 sont assez anxiogènes : les homos ne sont pas vraiment acceptés et le Sida fauche de nombreuses personnes dont certaines personnalités : Hervé Guibert, Cyril Collard... A Saint-Pierre, petite ville sur une île, lorsqu'on est enseignant, il vaut mieux ne pas montrer son orientation sexuelle si celle-ci n'est pas la norme acceptée. Il faudra trouver des moments et des endroits pour que deux hommes se rencontrent librement. Ce sont également de belles pages, explicites et sobres. Ils mettent à profit leurs temps de recherche sur les Béothuks pour partager de beaux moments.

L'ensemble est un beau roman, équilibré, sobre et instructif qui fait la part belle aux paysages, aux premiers habitants des endroits décrits. Excellent pour se dépayser en lisant de très belles lignes.
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          30
Quelle ravissante histoire, qui me transporta dans ces contrées froides et balayées par les vents que sont les îles constituant la collectivité d'outre-mer française Saint-Pierre-et-Miquelon, située au sud de Terre-Neuve. Ce fut aussi une introduction ethno-historique plus que fascinante aux peuples qui vivaient sur ces terres jadis et, en partie, y vivent encore, notamment les Indiens Beothuk et Mi'kmaq.

L'on suit le narrateur, un jeune prof, gay mais plutôt dans le placard (davantage par discrétion et manque d'opportunités que par honte), qui se passionne depuis toujours pour le grand Sud (plus c'est près de l'Antarctique, plus ça le botte) et pour les peuplades autochtones, surtout celles désormais disparues. Il n'arrive pas trop à se l'expliquer, mais son plus grand rêve est d'aller à la rencontre des derniers survivants, si tant est qu'il y en ait, et de fouler ces rives lointaines. Bon élève, issu d'une famille de classe moyenne sans grande fortune, très terre-à-terre, il voudrait bien faire des études d'ethnologie. Mais son caractère cartésien l'en dissuade – il ne voit pas trop de débouchées à ce plan de carrière. Il se rabat donc sur la géographie et l'histoire. Diplôme en poche, il se fait embaucher sans problème par l'Éducation nationale et occupe son premier poste dans une petite ville de l'Est. Dès qu'il le peut, il dépose sa demande de mutation en sélectionnant des destinations qui le rapprochent le plus possible de son rêve : la Nouvelle-Calédonie et, après de tortueuses ratiocinations, la Guyane.

Ce que l'on lui propose est un poste à l'extrême opposé, bien plus près de l'Arctique que de son antipode tant fantasmé par le jeune homme : justement, Saint-Pierre-et-Miquelon. N'étant plus à une torsion de logique près, il accepte en se disant que, partir pour partir, le saut ultime sera plus facile à faire, psychologiquement parlant, que depuis la métropole. Une fois arrivé sur place, il fait la connaissance de son collègue Jacques, prof de sport, qui en une seule conversation réussit à vaincre le penchant du jeune homme pour la solitude. Il l'attire dans le filet de ses propres lubies, qui tournent autour d'un sujet auquel notre narrateur est bien sensible, à savoir les peuples perdus locaux, surtout les Indiens Beothuk et l'histoire de sa dernière survivante, morte au XIXe siècle à Terre-Neuve. Surprise encore plus grande pour notre prof d'histoire-géo : Jacques, quoique marié, le séduit, ils deviennent amants, ils tombent même éperdument amoureux l'un de l'autre. Mais c'est là que l'histoire prend une tournure d'abord tragique, puis romantique à souhait…

J'ai été immédiatement happé par ce récit contant la vie d'un « aventurier en mocassins à glands, effrayé par ses propres ombres », comme le narrateur, qui parle à la première personne, s'auto-décrit. C'est le deuxième roman de Guy Bordin que j'ai la chance de découvrir (après L'amant fantasmatique), et je n'ai pas été déçu, une fois de plus. Avec lui, tout ce je sais, c'est que je ne sais jamais ce qui m'attend, je ne devine pas les tournants, pas même les tenants et aboutissants. Tout a l'air neuf, frais, inattendu. le personnage principal est touchant par son manque d'assurance, ses questionnements, sa soif de rationalité même dans les domaines a priori les plus irrationnels (les émotions, les sentiments, les rêves). On connaît son caractère moins par ce qu'il dit sur lui-même (il reste assez pudique) que par la façon de laquelle il amène ses petites touches personnelles. Il vit, il prend forme, couleur et chair par sa belle prose claire, quelque peu désuète (joliment désuète, je dois dire), mais toujours directe, sans fioritures baroques.

C'est donc par le bout de mon attirance pour les belles phrases que j'ai été tiré dans cette narration, elle aussi claire et directe. Il n'y avait aucune longueur, pas un mot de trop, pas un passage superflu. Je me suis laissé entraîner, ballotter, charmer par une plume de maître, je dois le reconnaître. Que ça fait du bien de voir autant de traitement respectueux, amoureux de cette belle langue qu'est le français ! Tout était en douceur, en discrétion, et paragraphe après paragraphe, la vie de ce narrateur a pris forme. C'était touchant de suivre ce jeune homme qui faisait quand même un peu « vieux garçon » et qui éclot quand il découvre la beauté de l'amour, les délices de la chair, l'intimité de passer du temps avec un être chéri.

Après ces louanges écrites au superlatif, vous ne serez donc pas surpris si je vous exhorte à vous procurer ce petit bijou, que je recommande vivement. C'est différent, et c'est du coup très rafraîchissant.
Lien : http://livresgay.fr/vers-le-..
Commenter  J’apprécie          20
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage en Italie

Stendhal a écrit "La Chartreuse de ..." ?

Pavie
Padoue
Parme
Piacenza

14 questions
606 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , voyages , voyage en italieCréer un quiz sur ce livre

{* *}