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Critique de DelphineRngt


Je n'ai jamais vraiment aimé retourner à un livre que j'aurais déjà lu. Lorsque je me prends à relire un texte, j'ai l'arrière goût désagréable d'une trahison mêlée à une perte de temps.

Trahison parce que rien ne vaut une première lecture avant laquelle tous les possibles sont présents. Passée cette première lecture, tout le plaisir de la découverte, du ressenti franc et sans contrôle disparaît. Relire, c'est prendre le risque de tuer ce qui avait été.

Perte de temps car il existe tant de livres encore à lire qu'une relecture vole de précieuses heures qu'un autre ouvrage inconnu mériterait bien plus. Une vie entière ne me suffirait pas à découvrir tous les écrits que je voudrais, cette constatation m'est déjà assez pénible sans m'affliger une frustration supplémentaire.

Je sais que de nombreuses personnes pour qui le plaisir de la littérature repose aussi dans la redécouverte ne seront, par conséquent, pas d'accord avec moi. C'est vrai qu'un bon texte se caractérise par sa capacité à toujours surprendre à nouveau. Mais c'est un choix que j'ai fait et je compte bien m'y tenir.

Pourtant, il existe quelques livres qui font exception dans ma bibliothèque. Entre ceux-là, le livre de sable.

Recueil de 13 nouvelles, le livre de sable de Borges, réussit l'exploit de m'emmener physiquement dans l'autre monde qu'il me laisse entrevoir, entre secrets intimement partagés au coin du feu et mythologie s'adressant au monde entier. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis laissée tenter par ces véritables perles littéraires mais toujours, avec une force à chaque fois renouvelée, je voyage. Je me refuse à vous détailler chacune des nouvelles de ce qui est pour moi, le livre de ma vie. C'est une découverte que vous devez mener vous même, comme une sorte d'épreuve initiatique.

Bien que résolument fantastiques, les histoires qui nous sont contées font écho dans notre esprit et semblent plus tenir du témoignage que de la fiction. On a envie d'y croire. Non, on y croit. Tout simplement.

« La ligne est composée d'un nombre infini de points; le plan, d'un nombre infini de lignes; le volume, d'un nombre infini de plans; l'hypervolume d'un nombre infini de volumes… Non, décidément, ce n'est pas là, more geometrico, la meilleure façon de commencer mon récit. C'est devenu une convention aujourd'hui d'affirmer de tout conte fantastique qu'il est véridique; le mien, pourtant, est véridique. »

Incipit de la 13e et dernière nouvelle qui donna son titre au recueil « le livre de sable ».


Je ne suis pas une fan. Ce concept m'irrite et ne me donne pas envie de me qualifier comme telle. Mais je crois que je me damnerais pour rencontrer le père génial de cette oeuvre, né trop tôt et mort bien avant ma propre arrivée au monde.

Oui, définitivement, j'aurais dû naître en 1899.
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