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Critique de Sachenka


Le Trestoulas commence comme bien des romans d'Henri Bosco ou d'autres de ses confrères provençaux : une chicane entre voisins pour un petit lopin de terre et tous les vieux du village qui en discutent sur la place. Puis, les choses se précisent : Clapu se désiste et ne veut plus vendre son champ à Charles Matouret, dont la famille possède déjà beaucoup et embauche la moitié des habitants. Quand on veut se mettre à dos les voisins, rien de mieux que se montrer obstiné, intraitable. Aussi, on retrouve d'autres éléments caractéristiques de la plume de Bosco. Par exemple, une narration à la première personne, prise en charge par un homme entre deux âges, presque un étranger, plutôt objectif face aux drames du village. Toutefois, il finit par se trouver mêler à tout ça. Ici, il s'agit de monsieur André. Puis, des personnages troubles, ambivalents, comme la Cherli ou bien Laurence, qui arrive d'Asie.

Dans le Trestoulas, qui se révèle en fait un court roman (le bouquin contient une autre nouvelle, dont je parlerai plus bas). Monsieur André suit discrètement Clapu et découvre son secret, la raison pour laquelle il ne veut plus vendre son champ. Ça et d'autres intrigues secondaires que je ne dévoilerai pas.

Bosco, c'est des intrigues lentes à développer mais qui permettent d'installer une atmosphère précieuse, composée d'une nature à moitié sauvage, à la fois généreuse et capricieuse, du tonnerre qui gronde au moment opportun et de silences inquiétants. Toutefois, j'ai été un peu surpris de constater que certains éléments n'étaient pas aussi développés que dans d'autres des bouquins de l'auteur. Les descriptions des lieux, de la Provence, n'était pas égale, évocatrice à souhait. le récit semblait porter davantage sur les dialogues et l'action. D'ailleurs, j'ai trouvé la fin un peu bousculée. Tout cela faisait en sorte que le Trestoulas ne me semblait pas autant achevé, réussi que les autres. Puis, j'ai remarqué qu'il s'agit d'un des premiers romans de l'auteur. Je ne peux quand même pas m'attendre à ce qu'il soit aussi excellent que d'autres, écrit beaucoup plus tardivement, alors que Bosco avait affiné sa plume.

Aussi, pendant ma lecture, l'intrigue principale (ou, du moins, ce que j'en devinais) me faisait beaucoup penser à celle de Jean de Florette, croyant presque à un plagiat. Mais bon, les deux histoires divergent sur plusieurs aspects. En plus, j'ai vérifié, le roman de Bosco précède de quelques décennies le scénario de Pagnol.

J'ai préféré de loin la deuxième histoire, L'habitant de SIvergues. On retrouve le même monsieur André, mais dans sa prime jeunesse. Je ne me rappelle plus, il devait avoir dix ans, sinon guère plus. Dans tous les cas, rien de tel qu'un narrateur enfant ou adolescent pour vivre l'exacerbation des sentiments. Ses parents le laissent un été chez un vieux couple (thème qui revient dans l'oeuvre de Bosco). Mais c'est l'été et il s'ennuie. Il se promène dans les environs et, au loin, il remarque un hameau dans les montagnes : le fameux village fantôme de Sivergues. Un endroit que tous évitent. « Même les âmes sont défuntes, là-haut ; c'était un mauvais lieu pour elles. » (p. 175). de quoi donner des frissons. Un jour, il pousse l'audace jusqu'à l'explorer mais y découvre des traces humaines. Enfin, je retrouvais cette ambiance étrange, lourde, à la limite du surnaturel, si caractéristique de l'auteur. Je me sentais la poitrine oppressée comme devait l'être celle du jeune André. C'était bref et efficace. Juste assez pour me faire refermer le livre sur une bonne note.

Merci encore, monsieur Bosco, pour ces moments de lecture formidable.
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