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Critique de dancingbrave


« le Roman du Rêve » d'une profondeur gigantesque mais qui aurait dû, à mon sens, se contenter de 200 pages sur les 500 qui m'en ont fait un assommoir, une grande bavante, un étouffoir !
Mais une belle bavante ; un peu comme le Mont-Blanc (les montagnards comprendront)

On ne se relève pas indemne d'un tel roman. Henri Bosco écrit avec maestria. Outre l'immense beauté de sa syntaxe aux mots terriblement évocateurs, la puissance qu'il sait donner à l'insignifiant, il joue avec une relative pauvreté voulue de vocabulaire et une lancinante répétitivité dont le but, à n'en pas douter, est de mimer les effets d'un mantra ou d'une prière répétitive, ou des tambours africains, ou d'un balancement d'endormissement, etc…nous plongeant dans un état cataleptique et envoutant qui pourrait presque provoquer un lâcher-prise nous entraînant dans le rêve.
Mais si cela serait déjà un exploit remarquable de l'auteur que de nous plonger de façon si réelle dans le monde irréel du rêve, à mon sens, l'état de lâcher-prise que provoquent les mots, les phrases, le style d'Henri Bosco va au-delà, atteignant notre âme en l'entrainant dans une fusion avec la Nature, avec l'âme de la Nature.

Pour moi, Bosco est le poète de la non-dualité, le chantre de la méditation. J'avais déjà été envouté par ces thèmes chers à l'auteur dans des textes comme « Malicroix », le « Jardin de Hyacinthe » et même dans des textes considérés comme plus légers comme « l'enfant et la rivière » ou « l'âne culotte ».
C'est un peu comme si l'auteur, dans la progression de son oeuvre, plongeait de plus en plus dans les profondeurs, là ou l'onde est calme, là où l'âme se voit.


Mais peut-être, arrive-t-il, dans cette progression, que l'auteur, finisse par dépasser ce que son lecteur est capable de supporter à un moment de sa propre évolution.
Je crois que, pour moi, cette étape était franchie avec ce roman.
De sorte que les phrases d'une longueur à laquelle je n'étais pas habitué chez l'auteur, quoique belles, me devenaient irritantes, étouffantes.
La composition elle-même du roman m'a donné le sentiment que ce volume hétérogène était une sorte de fourre-tout, un recueil de nouvelles qui n'en sont pas vraiment, comme si Bosco avait voulu nous transmettre certaine des idées qui le hantent comme le vide de l'être enfoui sous le moi, l'âme pouvant habiter les objets, la terre, les animaux ou les rêves, mais que faute de les développer suffisamment il les regroupe dans ce volume sans homogénéité.
Car enfin, à moins que je n'ai rien compris, ce qui est possible après tout, quel lien uni le jeune Marcellin, sa tante rose, Alléluia, Marie-Josépha-de-Jésus, le narrateur Meyrel, Clotilde et Bernard Dumontel ? Franchement je ne vois pas !
Il est vrai que souvent dans les rêves la logique n'a pas cours.
Il n'empêche que l'on se trouve donc immergés au fil des nouvelles dans cet univers chargé de présences immatérielles attirantes mais fuyantes, jamais terrifiantes. Pas des fantômes mais plutôt des âmes guidantes.

Et Il faut attendre la page 357 pour qu'enfin se profile une très courte « intrigue » qui met une sorte de point final à ce roman bancal qui m'a, somme toute, envouté mais déçu.
Je ressens néanmoins que cette lecture n'est pas arrivée au moment le plus opportun pour moi et, de ce fait, si j'en ai mal joui, j'en ai suffisamment tiré de plaisir pour conserver Henri Bosco dans le tabernacle de mes auteurs préférés.

J'invite les lecteurs intrigués par Henri Bosco à se reporter à ce magnifique texte de Paul Jullien sur

http://salon-litteraire.com/fr/essai/content/1806359-henri-bosco-cette-ame-ecrivant-les-reveries-d-un-rameau-de-la-nuit


Petit résumé si ça vous tente :

Une simple halte

Frédéric Meyrel, le narrateur voyage seul à pied dans les collines de Provence, il suit les chemins qui l'attirent ; généralement les moins empruntés.
L'un d'entre eux le conduit dans le village de Géneval
Là il va plus ou moins s'intégrer à la famille de l'aubergiste, Rose Manet, qui l'accueille, essayant d'éveiller son petit neveu, Marcellin, à la vie.
Le village se meure, à l'écart des grandes villes ; encore dix ans et il sera en ruine.
Frédéric sentant son coeur s'éprendre et de la Tante et du neveu va fuir à l'aube ce si doux village.

L'Altaïr

(En arabe Altaïr veut dire l'aigle en vol et désigne donc cette étoile très vive dans la constellation de l'aigle)

Nous sautons du coq à l'âne, Meyrel se retrouve chez lui à Marseille ou il vit une curieuse expérience mystique faisant naître, des phrases écrites durant l'antiquité et qu'il traduit, l'esprit de celui qui les composa.
Il nous présente longuement les personnages constituants son groupe de relation et plus particulièrement Labartelade, important personnage du port de marchandise.

Puis, nouvel évènement, Labartelade et le narrateur partent à la recherche d'un personnage mystérieux qui s'est embarqué sur un Paquebot abandonné dans une partie sinistre du port. Meyrel va vivre une nouvelle expérience mystique sur ce navire ruiné, « hanté » par ceux qui y séjournèrent. Mais toutes ses présences ne sont que fugaces et incertaines. Ils retrouvent le personnage mystérieux, en fait leur ami Alléluia, en contact avec l'esprit de Marie-Josépha-de-Jésus. le navire va couler emmenant avec lui Alléluia et son ami ; Meyrel, lui en réchappera de justesse. Durant sa convalescence, nous devinons qu'un lien unissait Alléluia et Meyrel sans doute par le spectre vénéré.

Losélée

Pour parfaire sa convalescence, Meyrel loue le manoir de Losélée qui se trouve dans le village de Géneval ; mais Rose et Marcellin ont quitté le village. Sans doute Rose éprouvait-elle des sentiments pour Meyrel qui s'était enfuit comme un voleur.
Très vite le manoir envoute Meyrel ; il ressent les présences obscures de deux êtres qui vécurent ici ; il ressent leur amour.
Des personnages bien réels rôdent aux confins de la maison ; la servante sourde et le vieux jardinier qui se cache.

Meyrel, parfait médium, va de plus en plus sentir un esprit prendre possession de son corps, cohabitant avec le sien propre.
Apparaît alors la belle Clotilde qui fut amoureuse de Bernard qui hante le corps de Meyrel et qui le reconnaît.

L'amour impossible et confus naît alors et détruira tout.
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