Notre Père qui es aux cieux. Fais que papa meure. Je veux qu'il meure et Tu dois m'aider. Nous allons le faire. Toi et moi. Ensemble. Nous allons le tuer. C'est mon désir le plus cher. Amen. (p.57)
On aurait dit que mon frère lui avait offert un cadeau. Enfin un peu de changement dans notre quotidien. J'ai pensé que je ferais mieux de ne pas me montrer : comme ça, mon frère n'aurait pas à présenter sa sœur, à exhiber le phénomène de foire. S'ils dînaient dans la cuisine, je serais encore trop près d'eux. J'espérais que maman l'avait compris, qu'elle mettrait la table dans le séjour.
La nuit était une amie. Dans le noir, se taire n'avait rien d'étrange. Et la solitude était naturelle.
La nuit était le moment que je préférais. Le silence, la sensation que tout s'arrêtait, se figeait dans l'attente du matin. L'obscurité permettait de se reposer. On n'avait pas d'obligations. Tout était calme.
La mort de papa était un triomphe pour moi et pour Dieu. Ce fut notre première collaboration. (p.59)