Les jeunes présents, y compris Benjamin, avaient parfois entendu vaguement parler du maquis Vallier. Mais c'était la guerre, eux n'étaient pas nés. C'était l'Histoire, et l'Histoire s'était faite sans eux.Tout cela n'était que préoccupation de vieux, eux préféraient s'intéresser au présent et, à la rigueur, à leur avenir.
Durant toutes ces années, Benjamin n'avait pu se résigner à pousser le portail du cimetière. La vieille grille à la peinture délavée, même ornée des deux élégants cyprès qui l'encadraient, lui paraissait s'ouvrir sur un monde hostile. Puis, un jour, il avait fait violence sur lui-même en pensant très fort à Mélanie. Il avait alors déposé sur sa tombe un bouquet dérisoire, composé avec les fleurs sauvages qu'il avait cueillies en chemin, et s'était juré de revenir chaque semaine.