Juste avant de mourir, mon grand-père m'a fait un don merveilleux. Plus précieux que le plus précieux des trésors. Un don magique.
Juste avant de mourir, mon grand-père m'a offert une phrase.
Une simple phrase.
"N'oublie pas, Elio, seuls l'amour et la vérité sont des pouvoirs"
...
- Ben... On doit éliminé Eqkter parce qu'il veut tout détruire, non ?
- Oui, c'est un bon résumé. Et cette mine préoccupée ?
- C'est juste que je me demande si on vaut beaucoup mieux que lui.
Était-ce cela grandir ? Perdre certitudes et insouciance au profit de tracas écrasants et de responsabilités qui l'étaient tout autant ?
- Tu es le plus génial des Guides. Enfin ... juste après moi.
- Comme nous ne sommes plus que deux, je ne suis pas sûr que ce soit un compliment.
Une fois rassasié, Elio avait longuement raconté ses dernières péripéties, répondant aux questions avec une simplicité teintée de fierté que personne ne se serait autorisé à critiquer. Quand sa mère lui avait fait remarquer qu'il avait pris un risque immense, il s'était contenté de hausser les épaules, l'air fataliste.
"Je l'ai fait pour vous" avaient compris ses parents.
"C'est de famille" avait traduit Gino.
"Un peu tard pour vous inquiéter" avait lu Barthélemy.
Tous détenaient une part de vérité.
...
Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.
Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit.
Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance.
Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous.
Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain.
Parce que cette lumière est en train de s'éteindre.
...
Juste avant de mourir, mon grand-père m'a fait un don merveilleux. Plus précieux que le plus précieux des trésors. Un don magique.
Juste avant de mourir, mon grand-père m'a offert une phrase.
Une simple phrase.
"N'oublie pas, Elio, seuls l'amour et la vérité sont des pouvoirs."
...
- Je t'aime, Elio. Et je suis fier de toi.
Elio ouvrit les yeux.
Le corps de Rafi était devenu translucide.
Presque un rêve.
La voix chaude du vieux Berbère s'éleva une dernière fois. Pareille à une caresse.
- N'oublie pas, Elio, seuls l'amour et la vérité sont des pouvoirs.
Une bourrasque de vent froid balaya la colline.
La silhouette de Rafi se délita comme si elle n'avait été qu'un rêve.
Pendant une seconde, ses yeux bleus résistèrent au néant, rivés à Elio par une force plus puissante que la mort, puis eux aussi cessèrent d'exister.
Elio se retrouva seul.
N’oublie pas, Elio, seuls l’amour et la vérité sont des pouvoirs.
Les épaisses frondaisons des itahubas masquaient le ciel, mais il avait cessé de pleuvoir, les nuages s'étaient dissipés et la clarté de la pleine lune parvenait jusqu'au sol sous la forme de fins rayons et de pales halos, suffisants pour se repérer.