L'Imagination est une dimension. L'Amour en est une autre. Tellement plus grande.
Elis Mil' Truif, maître dessinateur
- Chiam m'a beaucoup parlé de vous, déclara la Faëlle. Je suis ravie de faire enfin votre connaissance.
Il n'y avait pas la moindre trace d'accent dans sa voix joliment flûtée, ce qui causa une nouvelle surprise à Ewilan. Chiam s'en aperçut et sourit largement.
- Erylis parler votre langue beaucoup mieux que moi, expliqua-t-il. Elle parvenir même à maîtriser ce que vous appeler conjugaison et que je nommer sadisme envers les étrangers.
Il avait besoin de son bonheur comme d'autres ont besoin d'oxygène. Elle devait être heureuse pour qu'il vive, c'était aussi simple que ça. (p.247)
Ellana lui jeta un coup d'œil avant de tourner la tête vers Salim.
- Je te présente Riburn Alqin, cracha-t-elle d'une voix cinglante de mépris. L'homme qui te fait face a toujours rêvé de devenir un marchombre mais, malgré ses efforts incessants, il n'a jamais réussi à être autre chose qu'un navet fétide. Il est maladroit, lent et dramatiquement stupide. Ah, j'oubliais, il siège au conseil de la guilde. Le portrait te paraît fidèle Riburn ? Je n'ai pas mentionné ton odeur, ton ignorance totale de l'art amoureux qui te conduit à préférer les chèvres aux femmes, ta mesquinerie, ta couardise et la multitude de travers qui font de toi l'être le plus vil de tout Gwendalavir... j'aurais craint de te flatter.
Les gonds grincèrent lorsque l'huis de bois pivota. Une haute silhouette pénétra dans la cellule, se courbant pour en franchir le seuil avant de se redresser et d'écarter la cape dans laquelle elle était drapée. Ellana lui jeta un coup d'œil avant de tourner la tête vers Salim.
- Je te présente Riburn Alqin, cracha-t-elle d'une voix cinglante de mépris. L'homme qui te fait face a toujours rêvé de devenir un marchombre mais, malgré ses efforts incessants, il n'a jamais réussi à être autre chose qu'un navet fétide. Il est maladroit, lent et dramatiquement stupide. Ah, j'oubliais, il siège au conseil de la guilde. Le portrait te paraît fidèle Riburn ? Je n'ai pas mentionné ton odeur, ton ignorance totale de l'art amoureux qui te conduit à préférer les chèvres aux femmes, ta mesquinerie, ta couardise et la multitude de travers qui font de toi l'être le plus vil de tout Gwendalavir... j'aurais craint de te flatter.
Riburn Alqin avait blêmi tout au long de la tirade d'Ellana. C'était un bel homme, âgé d'une cinquantaine d'années, à l'allure altière. Il portait avec arrogance une fine barbichette taillée en pointe et ses cheveux étaient soigneusement plaqués en arrière. Il dégageait une impression de calme autorité mais, lorsque la marchombre eut achevé son massacre verbal, il tremblait de colère.
- Espèce de succube inique, balbutia-t-il. Tu seras moins volubile lorsque notre sentence tombera. Demain tu seras morte tandis que je chevaucherai encore les vents.
Ellana, qui n'avait pas daigné se lever pour l'invectiver, éclata de rire.
- Arrête, Riburn, je t'en prie ! Les seuls vents que tu connaisses sont ceux produits par tes intestins putrides. Laisse la poésie aux marchombres et contente-toi d'être méprisable.
Les yeux luisants de rage, Riburn Alqin empoigna les barreaux, voulut proférer une insulte...
Ellana bondit, passant d'une totale immobilité à une action éblouissante de sauvagerie. Ses griffes étincelèrent tandis que son bras fusait entre deux barreaux.
Tous deux conscients que si le ridicule tuait vraiment, ils seraient l'un et l'autre étendus raides morts.
L'engagement consenti par un Faël et sa compagne lorsqu'ils s'unissent est éternel. Éternel au sens littéral du terme. (p.207)
Puis l’œil d’Otolep apparut.
C’était une immensité liquide d’un bleu inouï, parfaitement étale. Un monde aquatique cerné de rochers blancs surplombant sa surface de plusieurs dizaines de mètres et de plages de pierre qui glissaient sans un remous dans ses profondeurs. Aucune trace de vie sur ses berges ou en son cœur.
De la pierre et de l’eau.
Du blanc et du bleu.
Au-delà de l’envisageable.
L’Imagination n’est pas une dimension au vrai sens du terme puisqu’elle ne possède aucune réalité matérielle. Le Dragon peut pourtant s’y déplacer physiquement. Ne sommes-nous donc que des nains ?
Elis Mil’ Truif, maître dessinateur à l’Académie d’Al-Jeit
Et puis, comme cela arrive si souvent, un grain de sable s'est glissé dans son existence de rêve. (p.211)