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Critique de LoupAlunettes


: le 19ème siècle semble être l'époque de prédilection de l'auteure et ses aventures aller par deux.



Après Pénélope Green la journaliste et son acolyte Cyprien Bonaventure le marin,

après Rose-Aimée la danseuse de cabaret et Martial Belleroche le joueur d'accordéon,

Béatrice Bottet nous propose un nouveau duo de caractère, Violette Baudoyer la mystérieuse "Madame Euryale" et le pigiste de la nuit Florimond Valence, signant ses chroniques du monde des nuits blanches sous le pseudonyme de Nocturnus.



Il ne doit pas être aisé de ne pas proposer des personnalités aux caractères semblables en les faisant se ressembler aussi physiquement, presque redondant sur un schéma assez systématique. Pourtant, Violet, Pénélope et Rose-Aimée ne se ressemblent pas.



Pénélope était aventureuse. Elle reprenait le rôle paternel de journaliste, imposait ses compétences en tant que femme sur le poste à une époque florissante d'émancipation et menait l'enquête.

Rose-Aimée, sauvage et tourmentée, fuyait la compagnie en général, après ses heures de travail au cabaret, craignait d'être protégée et menacée d'une malédiction qui emportait dans la tombe toute personne de la gente masculine qui lui manquerait de respect. La cause féminine reste bien présente.



Violette est médium et secrète. Elle donne des séances de divination auprès d'une riche clientèle moyennant une belle rétribution sonnante et trébuchante. Très activement, elle joue le rôle que sa logeuse lui a construit, Madame Euryale, et lit l'avenir dans l'eau.

Elle semble tout aussi portée que les deux autres héroïnes par un souffle d'indépendance et d'émancipation. Toutefois, fuguer de son foyer ne lui a pas apporter l'autonomie financière et ainsi doit-elle travailler ardemment afin de rembourser la cupide et calculatrice Madame Bouteloup.

Les raisons de sa fuite vont s'éclaircir au fur et à mesure du récit et ce nouveau destin à crédit tombe de nouveau dans l'escarcelle de la cause féminine très prisée par Béatrice Bottet. Les lecteurs le comprendront par de nombreux chapitres accordés à son passé.



Le roman démarre rapidement dans le vif du sujet, avant de céder le premier plan à la découverte des personnages, dont la psychologie est à chaque fois détaillée et profonde.



Un corps est retrouvé mort,

le corps d'une femme dont le cerveau a été dérobé.

Effrayant.

Mesdames, les rues ne sont pas sûres, prenez garde.



Florimond, l'autre héros, voit là un sujet de quolibet sur les femmes sans cervelle et il est à espérer pour lui que la foule de lectrices en furie ne lui tombe pas sur le poil.

On le devinera plus taquin que mysogine grâce aux chapitres dédiés aussi à son passé et avec sa troupe de six soeurs pétillantes et complices.



Le pauvre aura bien à faire dans le présent.

Violette pourrait déclarer qu'il est né sous une mauvaise étoile.

Piégé par un inspecteur en mal d'informations, avec ses sordides affaires qui pourraient semer la panique auprès du public et afficher une mauvaise image de la police, Florimond est soumis au chantage pour travailler sur l'affaire la nuit et enquêter.

Sous le coup de la mauvaise publicité également (entièrement fabriquée par l'inspecteur), Florimond perd la main de la jeune fille de bonne famille qu'il courtisait assidûment et se retrouve à la porte de chez lui sans le sou.

Il finira néanmoins par trouver de solides informations sur les victimes sans cervelle (car il y en aura d'autres) et se verra secouru dans sa "misère" par une bonne âme qui se promène et admire l'eau reposante du canal, qui ne lui révèle rien, elle.

Ainsi se rencontre Violette et Florimond.



Le roman nous en dira plus sur ceux qui enlèvent tous ces pauvres hères et sur leurs tentatives scientifiques.

Frissonnant.

Florimond découvrira le point commun entre toutes les victimes.

Elles sont toutes médiums.

Il ne sera donc pas difficile à comprendre qu'elle sera l'intention de Florimond qui doit une belle faveur à Violette.



Mais, me diriez-vous, ces médiums qui voit l'avenir ne sont décidément pas très doués pour ne pas le voir arriver, ce danger.



Si ils étaient comme Violette, ils n'auront pas la chance de prévoir leur propre destin grâce à leur don.

Voici qui est bien injuste pour de bons services rendus et qui rendra le récit palpitant.



Les actes criminels font un décor tendu mais deviennent au fil de la lecture un peu secondaire et le fameux secret de la Dame en rouge se concentrera surtout sur les pans du passé de Violette, sur les éléments qui donneront de la crédibilité à la rencontre de ces deux inconnus. Les flashbacks des deux viennent conforter cette mystérieuse force qui les fera se voir l'un dans l'autre.



Nous retrouvons cette ambiance troublante du Paris pittoresque, sombre, insécure, bien développée dans l'aventure de Rose-Aimée, assez proche d'un Londres à la même époque, pour un roman du même registre d'aventure.

Comme à chaque fois avec Béatrice Bottet, on s'attache aux personnages et on se laisse prendre à l'alchimie qui agit. Ce titre est, contrairement à Penelope Green d'un genre policier, à ranger dans le tiroir de l'Aventure, une aventure à plusieurs titres sous le signe de l'Inconnu, à coup d'audaces vive comme la tempête, de dangers venimeux et d'amour qui foudroie.

A découvrir.
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